Soyons réalistes : Revendiquons ce qui est nécessaire !14/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2076.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Soyons réalistes : Revendiquons ce qui est nécessaire !

Toutes les mesures que Sarkozy présente comme des " réformes " indispensables, inévitables, ont en commun de frapper les classes populaires. Mais la politique que mène Sarkozy n'est pas seulement sa politique. C'est lui qui la met en musique, qui en assume la responsabilité devant le pays. Mais ceux qui imposent ces mesures ne sont pas sur le devant de la scène. C'est le grand patronat qui tire les ficelles, ce sont les dirigeants et les propriétaires des grands groupes industriels et financiers et des grandes banques.

C'est pourquoi, malgré la chute record de sa popularité, Sarkozy persiste et signe. Il continuera les réformes. Il continuera à taper sur le monde du travail. Les dirigeants politiques servent aussi à cela : assumer la responsabilité politique des décisions exigées par le grand patronat, quitte à se déconsidérer. La seule chose qui peut mettre un coup d'arrêt à la régression sociale orchestrée au profit du grand patronat, c'est une entrée en lutte des travailleurs, qui flanquerait à celui-ci une peur salutaire.

L'ensemble des confédérations syndicales appellent à une journée d'actions et de manifestations le 22 mai pour la défense du système des retraites. Il faut évidemment que cette journée soit un succès, mais il est évident qu'elle ne suffira pas, par elle-même, à faire reculer le gouvernement et le patronat. Elle ne sera vraiment utile que si elle est une étape vers une mobilisation plus large, plus déterminée, capable de changer réellement le rapport de forces entre les travailleurs et la bourgeoisie. Et ce qu'il faut c'est un rapport de forces qui ne permette pas seulement d'ouvrir des négociations avec le patronat, comme le disent les dirigeants confédéraux, mais un rapport de forces qui permette de lui imposer la satisfaction de revendications essentielles.

En cette période de forte hausse des prix des produits de première nécessité, il faut non seulement une augmentation générale et conséquente de tous les salaires, de toutes les pensions, mais il faudrait aussi que les salaires ainsi augmentés soient indexés sur l'évolution des prix. Il faut l'échelle mobile des salaires et des pensions !

Le chômage ne diminue que dans les statistiques du gouvernement. Mais les grandes entreprises continuent à licencier, à fermer des usines, à réduire leurs effectifs ne serait-ce qu'en mettant les intérimaires à la porte. Il faudra imposer l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire.

Il faudra imposer au patronat de rendre publics la comptabilité des grandes entreprises, les revenus et les biens de leurs propriétaires. Et l'on verra alors qu'il est tout à fait possible de satisfaire les revendications essentielles de la population : maintenir les emplois, augmenter les salaires, assurer à tous un logement correct.

Le premier pas dans cette direction serait de supprimer toutes les lois qui protègent le secret commercial, le secret bancaire, le secret industriel, derrière lesquels les patrons et les conseils d'administration préparent tous les mauvais coups contre les travailleurs et la société. Les travailleurs ont certainement au moins autant de droits que les capitalistes de connaître les " secrets " des entreprises, des groupes industriels et financiers et de l'économie tout entière. Ce serait une utopie de penser qu'une mobilisation de l'ensemble du monde du travail pourrait imposer ces revendications ? Moins, en tout cas, que d'espérer que notre sort et celui de nos enfants pourra s'améliorer sans cela !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 12 mai

Partager