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- Lutte ouvrière n°2076
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Leur société
Après la mort d'un jeune interpellé par des policiers
Des centaines de personnes, mille peut-être, ont participé à une manifestation silencieuse, dimanche 11 mai à Grasse (Alpes-Maritimes), à la suite du décès d'un jeune, Abdelakim Ajimi, le 9 mai au cours de son interpellation par trois policiers.
Les causes de sa mort n'ont pas encore été révélées, mais des témoignages concordants, dont celui d'une lycéenne et celui d'un maître-chien, révèlent une attitude pour le moins disproportionnée de la part des trois fonctionnaires de la Bac.
Ces derniers seraient intervenus à la suite d'une altercation entre le jeune homme et son agence bancaire qui lui refusait un retrait d'argent. Les témoins de l'intervention policière, plus loin dans la rue, attestent d'un passage à tabac lors de l'immobilisation d'Aldelakim, quasiment étouffé. " Face contre terre, il ne pouvait plus respirer, il était violet, il ne pouvait plus ni parler ni crier, il ne se défendait pas ", disent les témoins. Puis, d'après la lycéenne, " ils l'ont mis dans le coffre de la voiture, menotté, on aurait dit une guimauve ".
L'enquête déterminera peut-être les causes et les circonstances précises du décès : lors de l'interpellation, pendant le transport, à l'arrivée au commissariat ? Mais déjà, le jour de la manifestation accompagnant la famille et les voisins du jeune homme, les services du préfet prenaient la défense des policiers, dont deux auraient été blessés, et livraient des précisions destinées à présenter le jeune homme comme un délinquant, un fumeur de cannabis, déjà poursuivi pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, précisant même qu'il aurait fait l'objet d'internements en psychiatrie ! Mais si le problème était d'ordre psychiatrique, pourquoi donc la police a-t-elle refusé que ce jeune soit transporté à l'hôpital par les pompiers, pour l'emmener au commissariat ?
On comprend la colère des parents et voisins qui, déjà sous le coup du décès du jeune, voient en plus des policiers à l'attitude violente, sinon pire, être disculpés d'avance. On comprend aussi qu'ils réclament la vérité sur une arrestation dont la violence gratuite, à trois contre un, semble attestée.
En tout cas, la démagogie sécuritaire et anti-immigrés à la mode de Sarkozy conforte évidemment ceux qui, au sein des forces de police, s'estiment en droit de traiter un jeune un peu énervé en dangereux délinquant, à " calmer "... parfois définitivement.