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Dans le monde
Ludwik Hass
Le militant trotskyste polonais Ludwik Hass est mort à Varsovie le 8 avril 2008, à l'âge de 90 ans.
Étudiant à l'université de Lvov, il avait adhéré au Parti Communiste polonais puis rejoint un groupe trotskyste actif dans cette université. En 1938, il co-rédigea la protestation de ce groupe contre la dissolution du Parti Communiste polonais imposée par l'Internationale Communiste, c'est-à-dire par Staline. Celui-ci fit alors exécuter des centaines de cadres de ce parti qui s'étaient réfugiés à Moscou après le coup d'État de Pilsudsky de 1926, et dont les plus anciens avaient milité aux côtés de Rosa Luxemburg.
Après l'arrivée en Pologne des troupes russes en 1939, Ludwik Hass fut déporté entre autres dans le camp de travail de Vorkouta, en Union soviétique. La déstalinisation le libéra et il retourna en Pologne en 1957. Ayant assisté à l'extermination des derniers trotskystes soviétiques dans les camps staliniens, il se sentait, comme il disait, " un des derniers porte-parole de ces militants assassinés ". Car parmi les militants trotskystes polonais, seuls trois avaient survécu à ces années difficiles.
Ludwik Hass croyait à la possibilité de faire évoluer le régime mis en place en Pologne par Staline et ses successeurs. Il influença deux militants plus jeunes, Jacek Kuron et Karel Modzelewski, qui rédigèrent en 1965 une Lettre ouverte au Parti dénonçant le régime et affirmant la nécessité d'un socialisme démocratique. Suite à cette publication, Hass fut arrêté et condamné à une peine de prison, de même que tout le groupe. Par la suite, Kuron et Modzelewski finirent par abandonner leur point de vue initial pour se rallier à Walesa et à l'Église, et à tous ceux qui allaient finalement refaire de la Pologne un État capitaliste comme les autres. Si Ludwik Hass n'était évidemment pas responsable de leur évolution, les idées de réforme du régime qu'il avait défendues ne pouvaient pas armer des militants pour trouver la voie d'une politique prolétarienne.
Mais si la perspective dans laquelle avait milité Ludwik Hass se révéla vaine, lui ne succomba pas aux prétendus charmes du capitalisme. Ayant dénoncé toute sa vie le stalinisme, il combattit de même les gouvernants d'après 1989 et la chute du mur de Berlin, ceux qu'il appelait les représentants de la " réaction noire ", des carriéristes ayant jeté par-dessus bord leur masque pseudo-communiste pour jouer les hommes d'affaires.
Jusqu'au bout, Ludwik Hass a conservé une conviction inébranlable dans l'idéal communiste, tout en précisant : " Il existe deux partis. Il y a le parti de ceux qui fusillent, et il y a le parti de ceux qui sont fusillés. Moi, j'appartiens à ce parti des communistes fusillés. "