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Bolivie : Les autonomistes ne sont pas partageux !
En Bolivie, à l'initiative de la droite locale, le département de Santa Cruz vient d'organiser un référendum sur la revendication de l'autonomie. En effet il y a des années que les classes possédantes, dans cette région riche en hydrocarbures et en grands domaines producteurs de soja, cherchent à faire sécession du reste de la Bolivie, afin de conserver pour elles seules le produit de ces richesses.
Depuis l'arrivée du MAS et d'Evo Morales à la tête du pays il y a deux ans et demi, la droite et l'oligarchie multiplient les obstructions à un régime qui affirme son intention de faire profiter les classes pauvres d'au moins une partie de la rente gazière. Elles se sont tour à tour opposées aux travaux de l'Assemblée constituante, qui devait doter la Bolivie d'une Constitution assez proche de celle adoptée par le régime de Chavez au Venezuela, à la réforme agraire et enfin à la nationalisation des hydrocarbures.
Le 4 mai, près de 40 % des électeurs du département de Santa Cruz se sont abstenus, et 20 % ont voté contre, mais la droite claironne malgré tout que 80 % de la population serait pour l'autonomie. Cette " autonomie " n'est que la dernière machine de guerre de la droite pour mettre des bâtons dans les roues du régime. Elle affiche un mépris pour les pauvres qui, en Bolivie, se confond avec un racisme contre les Indiens, qui constituent la majorité des classes populaires.
Quant à l'autonomie revendiquée, ce n'est pas celle qui permettrait à la population, y compris la plus déshéritée, de décider localement de son sort, mais celle qui permettrait aux classes riches de conserver pour elles seules la rente du gaz et les profits des grands domaines agricoles. La droite s'apprête à organiser des consultations identiques dans trois autres départements (il y en a neuf au total) ; ces quatre départements concentrent ensemble deux tiers de la richesse du pays.
Si ce projet se réalisait, les possédants de ces régions les placeraient sous une domination plus directe encore des grands groupes capitalistes, se souciant peu que les pauvres plongent un peu plus dans la misère, comme on le voit ces temps-ci avec la spéculation sur les denrées alimentaires.
Mais la mobilisation de la population pauvre a déjà fait beaucoup en Bolivie, ces dernières années, pour tenter d'imposer un autre partage des richesses locales. Et elle peut encore peser contre ces projets de sécession des possédants décidés à tout faire pour conserver leurs richesses.