Depuis quelques semaines l'Unedic, qui regroupe les Assedic du pays, a fait savoir qu'elle accumulait des réserves financières. À la fin 2008 l'excédent, qui résulte de la différence entre les allocations données à une partie des demandeurs d'emploi et les cotisations perçues, devrait atteindre 4,6 milliards d'euros. Du coup, gouvernement et patronat se disputent pour savoir à quoi serviront ces sommes.

Le gouvernement voudrait baisser partiellement les cotisations patronales et financer les retraites. Le patronat, lui, rêve de voir la totalité de ces sommes servir à faire baisser ses cotisations, ce qui accroîtrait d'autant ses profits.

Tous ces gens-là ne manquent pas de culot, car l'essentiel des « excédents » de l'Unedic est le résultat de l'aggravation des conditions d'indemnisation mises en vigueur depuis 2006, dans le cadre de la convention qui court jusqu'en 2009. Les chômeurs sont de moins en moins nombreux à être indemnisés, ils le sont moins, moins longtemps et sont plus facilement radiés : voilà d'où vient cet argent. La moindre des choses, puisqu'il y a un excédent, serait qu'il serve à améliorer immédiatement l'indemnisation des chômeurs.

Or, non seulement gouvernement et patronat ne sont nullement gênés par cette situation scandaleuse, mais ils envisagent de concert de l'aggraver encore. Les conditions de radiation devraient être encore facilitées, et le patronat revendique de limiter à six mois, voire moins, la partie non dégressive des allocations, pour les diminuer brutalement ensuite. À ce train-là, les excédents de l'assurance chômage ne sont pas près de baisser ; la misère des chômeurs non plus.