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Haïti : Les affamés se révoltent
En Haïti, les manifestations contre la hausse des prix alimentaires se sont poursuivies durant toute la deuxième semaine d'avril. Elles ont fait au moins six morts et plus de deux cents blessés.
En cause, les prix du riz, du maïs, des haricots, de l'huile et d'autres denrées de base qui ont doublé et, dans certains cas, triplé en quelques mois. Le fait que le pays doit aujourd'hui importer l'essentiel de sa nourriture - 80 % du riz consommé provient des États-Unis - et que la monnaie locale, la gourde, ait perdu de sa valeur par rapport au dollar, ne sont pas les seules explications à la dégradation de la situation. Ceux qui ont la mainmise sur les importations et le commerce contribuent également à affamer la population. Dans les campagnes, la production agricole a souvent été ruinée par les produits d'importation, et dans certaines régions la population en est réduite à manger de la terre pour essayer de tromper sa faim.
Les dernières manifestations ont touché les principales villes du pays, notamment Gonaïves, Petit-Goave, mais c'est surtout aux Cayes et dans la capitale Port-au-Prince qu'elles ont eu le plus d'ampleur. Aux Cayes, les manifestants ont incendié des véhicules des forces de l'ONU et pillé un entrepôt. Dans la région de Port-au-Prince, de nombreux magasins ont été pillés et un soldat de l'ONU a été tué.
Ces manifestations ont entraîné la chute du Premier ministre, Jacques Edouard Alexis. De son côté, le président René Préval a annoncé un accord avec les importateurs, qui devrait ramener de 51 à 43 dollars le prix du sac de 50 kg de riz. Mais il n'est pas dit que la population aura plus facilement accès à cette denrée alimentaire de base puisqu'aucune obligation n'est faite aux distributeurs de répercuter cette baisse. D'autant que cette mesure d'urgence n'a été prise que pour une durée d'un mois.
À Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, la hausse des prix des matières premières a pour la population des conséquences mortelles.