Au moment où le gouvernement de Sarkozy annonce une aggravation de la situation des hôpitaux publics, une accélération des fermetures de services dans des établissements de proximité, comme cela a été fait pour les maternités, et une politique favorable aux cliniques privées, le directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Franche-Comté vient d'écrire une lettre à des élus locaux à propos du Centre Hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM).

Le manque de crédits et de moyens, c'est un " déficit " ; il est exigé " un retour à l'équilibre "... " avec des mesures drastiques d'économies " qui passent par un " partage sans plus attendre des activités médicales entre les deux sites ", Belfort et Montbéliard. On supprime les " doublons " avec par exemple la diabétologie de Montbéliard qui est en train de se réduire à une consultation sans hospitalisation, les malades devant alors aller à Belfort où il n'y a pas assez de places. D'ailleurs, sur les deux hôpitaux, en médecine, des dizaines de lits ont été supprimés. Les restructurations des services de chirurgie à Belfort, puis récemment à Montbéliard, se sont traduites par une diminution de soixante lits pour l'ensemble car, économies obligent, il faut réduire à tout prix les durées d'hospitalisation.

Les Urgences sont débordées à cause du manque chronique de médecins et de personnel, ce qui a été dénoncé par ceux qui y travaillent.

De plus, et l'ARH n'en parle plus, en 2006, tous les services de la psychiatrie qui faisaient partie du CHBM ont été " externalisés " comme disent les patrons, et rattachés à l'Association Hospitalière de Franche-Comté (AHFC), de droit privé, qui gère la psychiatrie en Haute-Saône. Cela devait, paraît-il, enrayer la détérioration dramatique de ce secteur par une " mutualisation " des moyens. Mais des crédits promis par le gouvernement, à la condition que ce changement de tutelle soit accepté, ne sont jamais arrivés...

Il est aussi question du projet de " site médian " entre Belfort et Montbéliard, un nouvel hôpital à construire pour regrouper tous les services de chirurgie. Le projet est reporté, alors que depuis des mois c'était le projet phare censé tout améliorer ! On apprend que tout est suspendu au choix que feront les dirigeants des trois cliniques privées de la zone, qui sont en train de fusionner. Ils étudient un lieu pour regrouper leurs activités de chirurgie, les rentabiliser. Le gouvernement ne peut rien leur imposer, seulement les " inciter " en augmentant jusqu'à 40 % leurs subventions : c'est cela la " mutualisation " avec le privé !

Les élus destinataires de la lettre de l'ARH sont priés de donner " leur avis sur cette délicate question du regroupement des cliniques " avant le 1er mai ; " Le critère déterminant demeure l'intérêt des malades ", précise-t-elle, ajoutant que la décision sera " citoyennement débattue " !

Eh bien, chiche ; avec les personnels concernés, les organisations syndicales, les associations de malades et la population, il y aurait à faire la transparence sur les marchés passés avec les cliniques privées et s'opposer aux nouvelles coupes programmées dans la santé publique.