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Dans les entreprises
PSA-UIMM : Leur solidarité contre les travailleurs
La direction de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois a finalement reconnu avoir touché la somme de 550 000 euros de la part de l'UIMM (l'Union patronale de la métallurgie), après la grève pour les 300 euros qui avait touché l'usine durant six semaines, en mars-avril 2007. Par la même occasion, on apprenait que l'usine d'Aulnay avait versé l'an dernier une cotisation de 50 000 euros à la caisse antigrève de l'UIMM.
Lorsque le scandale de la caisse noire de l'UIMM avait éclaté, à l'automne dernier, des syndicalistes avaient demandé, lors d'un CE, quel était le montant des cotisations de PSA à la caisse noire de l'UIMM, et si en retour l'entreprise avait ou non, reçu une aide de la caisse antigrève du patronat, les représentants de la direction avaient nié, prenant des mines scandalisées.
Aujourd'hui le directeur de l'usine prétend que tout cela serait normal et qu' " en toute transparence " l'aide de l'UIMM figure dans les comptes 2007 du groupe, etc. Pourquoi, alors, avoir mis tant d'énergie à nier ces faits il y a six mois ?
Mais puisque la direction de l'usine prétend jouer la transparence, beaucoup d'ouvriers veulent savoir à quoi a réellement servi cette somme. À payer les ouvriers du Ferrage ou de la Peinture qui acceptaient d'aller travailler sur les chaînes du Montage alors bloquées ? À rembourser les repas et les hôtels des ouvriers appelés d'autres sites du groupe pour briser la grève ? Ou encore à payer les huissiers qui, minute par minute, fliquaient les grévistes dictaphone et appareil photo à la main ?
Malgré sa volonté d'afficher une sérénité de façade, la direction de l'usine - et du groupe PSA - est bien embarrassée par cette affaire. Mardi 8 avril, le défilé des journalistes et des caméras à l'entrée de l'usine, pour venir interviewer les délégués syndicaux ne réjouissait personne parmi les directeurs.
La ligne de défense du patron, c'est que " c'est son argent " qu'il en fait ce qu'il veut, qu'il a bien le droit de cotiser à une caisse d'entraide, que ce droit est même garanti par le Code du travail... Mais de leur côté, les ouvriers savent bien que cet argent est le leur, produit par leur travail, grâce aux augmentations de cadence et à des milliers de suppressions d'emplois. Que cet argent serve à engraisser les actionnaires n'a déjà rien d'agréable, mais qu'il serve en plus à alimenter une caisse antigrève, c'est ressenti comme un peu fort !
De l'argent qui doit revenir aux travailleurs
Le demi-million d'euros perçu par la direction de l'usine correspond presque exactement à ce qui aurait été nécessaire pour payer les jours de grève - une revendication sur laquelle la direction n'avait pas reculé d'un pouce en avril 2007. Comme quoi, ce n'est évidemment pas pour le patron une question de moyens, mais une question de principes.
Cette affaire est aussi l'occasion de constater une fois encore qu'il y a deux poids et deux mesures. Pendant que les patrons, au nez et à la barbe des services fiscaux, alimentent et puisent dans leurs caisses noires, les anciens grévistes doivent, eux, faire face aux contrôles d'une administration tatillonne. Ainsi, lorsque des aides ont été versées aux grévistes et à leurs familles (20 000 euros du Conseil général de Seine-Saint-Denis et 10 000 euros de la ville de Saint-Denis), le préfet a jugé ces aides " illégales " et a entamé des procédures en justice pour les contester - certaines de ces sommes sont d'ailleurs toujours bloquées, un an plus tard !
Toutes ces raisons font que cette affaire de caisse noire suscite bien de l'écoeurement chez les ouvriers de PSA, dont beaucoup partagent l'idée que ces 550 000 euros devraient, immédiatement, être reversés aux grévistes.