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- Lutte ouvrière n°2068
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Dans les entreprises
Snecma - Île-de-France : Fin de la grève, mais les 150 euros manquent toujours à l'appel !
La grève pour les 150 euros s'est terminée mardi 18 mars à la Snecma Gennevilliers, dernier centre où des ouvriers étaient encore en grève. Si la semaine précédente des petits groupes de travailleurs avaient progressivement repris le travail, le moral restait bon dans les usines de la région parisienne où beaucoup comptent bien, d'une façon ou d'une autre, faire payer à la direction son arrogance et son mépris marqués par son refus de satisfaire la légitime revendication des 150 euros net mensuels.
Signe que la détermination était toujours là, des assemblées se sont tenues chaque jour à l'occasion de débrayages organisés le matin. Lundi 10 mars, à Gennevilliers, plus de 400 grévistes sont allés accompagner à leur entretien individuel les quatre camarades menacés de sanctions. À l'usine de Corbeil, quelques centaines de salariés ont pris la même initiative pour, là aussi, soutenir un gréviste sanctionné.
Le jeudi 13 mars, un rassemblement des centres de la région parisienne était prévu au siège du groupe Safran, auquel s'étaient joints des travailleurs de différentes filiales, dont Messier et Hispano. Au total, près de 2 000 travailleurs se sont retrouvés face à de nombreux CRS venus protéger l'entrée du siège. Bousculades et accrochages ont émaillé cette " rencontre " entre grévistes et policiers. Comme à l'accoutumée, les CRS ont utilisé les gaz lacrymogènes, et s'en sont physiquement pris à trois salariés, dont un a dû être conduit aux urgences.
Le numéro 2 du groupe Safran, dont la Snecma est la principale filiale, a finalement reçu une délégation syndicale et a laissé entendre que des propositions salariales (autres que la prime de 15 euros brut ressentie par les grévistes comme une véritable provocation) seraient avancées lors de négociations séparées par entreprise. Il s'engageait aussi à ne licencier aucun des travailleurs sanctionnés de Corbeil, de Gennevilliers et de Saint-Quentin-en-Yvelines. Et même s'il fallait rester prudent, ce léger recul était mis par tous à l'actif de la mobilisation.
La prudence était effectivement de mise puisque la direction de Snecma Moteurs ne lâchait quant à elle que 20 euros brut, une misère au regard de ce que demandent les travailleurs. Ceux-ci se faisaient d'ailleurs si peu d'illusions que cette nouvelle provocation n'entama pas leur moral. À Gennevilliers de nombreux travailleurs sont allés demander au directeur de prolonger les contrats de trois intérimaires. Puis, " des artistes anonymes " ont décoré les bureaux de plusieurs chefs de l'atelier de mécanique avec des centaines d'autocollants. De tous les ateliers, des travailleurs sont venus voir le chef-d'oeuvre, visite guidée à l'appui. Une compétition artistique s'est alors engagée afin de désigner l'atelier le plus créatif.
Mercredi 19 mars, une manifestation était prévue au commissariat d'Évry où devaient être auditionnés quatre grévistes de Gennevilliers et un de Corbeil, accusés par la direction de quelques dégradations. Cent cinquante travailleurs de Gennevilliers devaient se rendre à Évry, rejoints par ceux de Corbeil venant à pied de leur usine.
À Villaroche où le PDG de la Snecma Moteurs, en visite pensait trouver une ambiance plus apaisée, une soixantaine d'ouvriers sont venus lui dire ce qu'ils avaient sur le coeur, devant une direction locale inquiète et médusée.
C'est dire que, si la grève est pour l'instant terminée, ni l'ambiance ni les mobilisations ne sont retombées.