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- Lutte ouvrière n°2068
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Leur société
Rouge et les résultats de la LCR : Ambiguïtés, galéjades et fanfaronnade
Le numéro de l'hebdomadaire Rouge, daté du 13 mars 2008, censé analyser les résultats du premier tour des élections municipales, contient une double page centrale qui porte le titre : " Succès des anticapitalistes ". Elle récapitule département par département les listes dont les unes sont qualifiées " listes LCR 100 % à gauche ", précédées d'un point noir pour les distinguer des autres " listes unitaires avec d'autres forces ", précédées d'un point rouge.
Tout cela est fort clair, d'autant qu'un sous-titre résume le contenu du tableau : " La LCR a présenté ou soutenu plus de 200 listes aux municipales. Plus de 110 d'entre elles franchissent les 5 %, 32 dépassant les 10 %, et obtiennent 73 élus ".
La LCR a de quoi se réjouir car les résultats sont honorables, y compris là où les listes n'atteignent pas les 5 %.
En regardant cependant le tableau de plus près, on a quelques surprises. À commencer par le nombre de listes présentées.
Le lecteur, même le mieux disposé à l'égard de la LCR, a en effet beau compter et recompter les listes énumérées par la LCR, il n'en trouvera que 187. On nous dira : entre 187 et plus de 200, la différence n'est pas astronomique, d'autant moins qu'on ne précise pas si " plus de 200 ", c'est 201 ou 299
Bien sûr, l'erreur est humaine et l'arithmétique n'est pas nécessairement le fort du rédacteur du tableau. Mais, le soir même du deuxième tour, Olivier Besancenot continuait, dans ses interventions télévisées, à parler de " plus de 200 listes ", ce qui sonne mieux que 187.
Un lecteur moyennement curieux poserait légitimement la question : sur ce total de " plus de 200 listes " - devenues 187 -, combien sont présentées par la LCR et combien sont des listes unitaires ? Pour le savoir, il devra les compter une à une sur le tableau pour constater que les listes " LCR 100 % à gauche " sont au nombre de 78, tandis que les listes unitaires sont 109.
Mais que sont donc ces " listes unitaires " ? Et qui sont les élus que la LCR annexe allègrement parmi les élus " anticapitalistes ", terme suffisamment ambigu pour qu'un lecteur peu attentif puisse comprendre " élu(e)s LCR " ?
Loin de nous la capacité de donner une réponse exhaustive à ces questions. Mais, en constatant qu'à Alfortville, l'unique élu de la liste unitaire est un militant de Lutte Ouvrière, on commence à se poser des questions.
En cherchant bien, le lecteur découvrira d'autres cas similaires. Par exemple, à Saint-Quentin. Pour cette ville, le tableau de Rouge affiche fièrement que la liste " La gauche en force " a obtenu 39,13 % des votes et 9 élus. Il omet juste de préciser que la tête de liste est du Parti Socialiste, que la liste était présentée en commun par le PS, le PC, LO, le PT, la LCR et les Verts, dans le cadre d'un accord unitaire qui, faut-il le préciser, n'avait rien de " technique ", comme aime à le répéter la LCR. Notre camarade élue sur cette liste n'est donc pas la seule à être annexée par la LCR, qui n'a qu'un seul élu parmi les 9 de cette liste unitaire...
Idem pour d'autres villes comme, par exemple, Nouzonville, dans les Ardennes, où la liste " À gauche pour Nouzonville " a bien eu 28,94 % des voix et 4 élus, mais dont une seule est de la LCR. Ou encore Lanester où la liste " Franchement à gauche " a, certes, recueilli 24 % des votes et obtenu 4 élus mais dont pas un seul n'est de la LCR (un d'entre eux est, là encore, de Lutte Ouvrière) !
Une autre curiosité : la liste de Malakoff, intitulée " Autrement à gauche ", est présentée, dans le tableau de Rouge, comme une " liste LCR 100 % à gauche ". Une liste LCR " pur jus ", pour reprendre l'expression préférée de nos camarades. Or l'identité politique que se donnent certains candidats sur la liste officielle va du " dilettante politique, dilettante civique " au " citoyen désabusé " en passant par " jazzman liberterre " - ce n'est, apparemment, pas une faute d'orthographe -, " divorcé décroissant chaud " et " altermondialiste et citoyen grolandais " ! On peut, bien sûr être " jazzman liberterre " ou " citoyen désabusé " et être une personne tout aussi honorable que la militante d'une organisation qui se dit communiste révolutionnaire, mais les uns et les autres ne sont pas porteurs de la même identité politique. À moins que la liste soit, dans son éclectisme joyeux, la préfiguration du Nouveau Parti Anticapitaliste - NPA, pour les intimes - dans lequel la LCR compte se fondre.
Etant donné le sérieux avec lequel la LCR traite les informations concernant les listes sur lesquelles elle figure, nous aurions mauvaise grâce d'être choqués parce qu'elle affirme qu'à Perpignan, Lutte Ouvrière ne s'est pas désistée de la liste du PS lorsque celle-ci a décidé, entre les deux tours, de fusionner avec la liste du MoDem et avec une liste PS dissidente où figuraient d'autres membres du MoDem. L'information de la LCR est évidemment fausse. Si elle n'est pas démentie, elle se révèlera mensongère.
Mais revenons-en à la gonflette concernant le nombre de listes présentées ou le nombre d'élus.
Manque de sérieux ? Bluff ? Pourquoi, diable, faut-il que la LCR éprouve le besoin d'amplifier des résultats dont il n'y a pas à rougir - si tant est qu'il y ait lieu de rougir d'un résultat électoral ? Il est vrai que ne seront trompés que ceux qui veulent bien l'être...