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Leur société
Protestation des chercheurs : La recherche fondamentale, c'est celle de l'argent
Le 4 mars, des centaines de directeurs de laboratoires de recherche et de nombreux scientifiques se sont réunis pour protester contre la politique du gouvernement à l'égard de la recherche scientifique, puis ils sont allés manifester devant leur ministère.
Sur le fond, il n'y a rien de neuf par rapport à la situation de 2004 où des directeurs de labos avaient démissionné, des scientifiques avaient manifesté, et où un collectif avait été créé : Sauvons la recherche.
Le gouvernement avait alors fait mine de reculer sur certains points et le mouvement avait pris fin. Mais aujourd'hui, la situation des chercheurs et de la recherche n'est guère plus brillante. Les budgets des labos diminuent chaque année et leurs directeurs passent leur temps à se battre pour obtenir de misérables rallonges au détriment de leur travail scientifique.
Par ailleurs, un très grand nombre de chercheurs sont en statut précaire. Les labos sont censés les garder deux ou trois ans puis décider de leur sort en fonction de l'argent obtenu de la tutelle ministérielle, et surtout de contrats conclus avec des agences publiques ou des sociétés privées. Difficile d'envisager des projets à long terme dans ces conditions, avec des scientifiques qui risquent d'être renvoyés en cours de travaux.
Depuis 2004 est apparue la loi sur l'autonomie des universités qui a donné lieu à une vive opposition, mais est passée tout de même. Cette loi a comme conséquence le désengagement financier de l'État, le financement devant venir théoriquement des universités qui n'auront en réalité guère plus de moyens.
Selon les chercheurs, le gouvernement vise à gérer la recherche comme une entreprise, en faisant reculer l'autonomie scientifique au profit d'un pilotage politique, en privilégiant la recherche à court terme supposée pouvoir rapporter le plus rapidement de l'argent.
Ce sentiment a encore été renforcé par un discours de Sarkozy sur ce sujet, le 28 janvier, ainsi que par une entrevue qui n'a rien donné entre les représentants des chercheurs et la ministre Valérie Pécresse.
En définitive, un labo qui ne s'en sort pas et qui n'arrive plus à conserver ses stagiaires, c'est un peu comme un bureau de poste qui réduit ses horaires ou une maternité qui ferme. En tout cas, les causes en sont les mêmes : à force d'arroser le patronat, il n'y a plus d'argent dans les caisses pour la recherche que nos dirigeants prétendent pourtant favoriser.