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Leur société
Patronat : Règlement de comptes au Medef
Alors que les dirigeants de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) pensaient laver leur linge sale en famille et régler l'affaire Gautier-Sauvagnac entre eux, le scandale fait aujourd'hui grand bruit. On a appris en effet que l'UIMM s'était engagée à accorder une indemnité de départ de 1 million 500 000 euros à son ex-président et à prendre en charge les conséquences financières de son éventuelle condamnation.
En novembre-décembre 2007, Gautier-Sauvagnac avait été en effet au coeur d'un premier scandale provoqué par la révélation de retraits, de quelque vingt millions d'euros en liquide, qu'il avait opérés entre 2000 et 2007, du coffre-fort de l'UIMM. Interrogé, il avait déclaré mystérieusement que ces sommes étaient destinées à la " fluidification des relations sociales ", sans plus de précision.
Les successeurs de Gautier-Sauvagnac à la tête du syndicat patronal de la métallurgie ont tenté, après coup, de justifier leur geste, expliquant que ce million et demi d'euros ne constituait qu'une légitime prime de départ versée à l'un de leurs salariés, après treize ans de service à la tête de l'UIMM. À d'autres ! D'ailleurs, le fait qu'ils aient depuis accepté de réviser à la baisse cette prime, démontre qu'il s'agissait de tout autre chose, et plus probablement du prix du silence de Gauthier-Sauvagnac. Un lourd silence qui, constatons-le, est évalué à un bon prix.
Il y a incontestablement dans cette affaire un règlement de comptes au sein du Medef, entre d'un côté sa direction actuelle et sa présidente, Laurence Parisot, et de l'autre, l'une de ses composantes, sa puissante fédération de la Métallurgie, qui s'était prononcée contre l'élection de Parisot à la tête du Medef. Mais en revanche, nous présenter cela comme un conflit opposant les " bons " et les " méchants " patrons, d'un côté la branche vertueuse du patronat et de l'autre une clique de patrons voyous, c'est se moquer du monde.
Laurence Parisot se donne le beau rôle et qualifie, après des mois de silence embarrassé, le comportement de ses rivaux de l'UIMM de " méprisant et méprisable " qui " salit et abîme l'image des entreprises ".
Et en cette période de difficultés électorales, ce n'est pas pour déplaire au gouvernement pour qui l'affaire Gautier-Sauvagnac, étalant au grand jour les moeurs du grand patronat, arrivait à un bien mauvais moment.
Mais quelle que soit l'issue de cet affrontement, que Parisot triomphe de ses opposants, ou que tout cela se termine, comme il est probable, par un compromis dont le commun des mortels ignorera l'existence et les clauses, il n'en sortira pas une organisation patronale devenue miraculeusement vertueuse, ni même plus transparente, comme le prétend François Fillon, qui applaudit bien sûr Parisot.
Car moraliser le capitalisme alors que celui-ci n'est rien d'autre que l'appropriation des richesses créées par le travail d'autrui, n'a aucun sens.