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Dans le monde
Gaza sous les bombes israéliennes
Lundi 3 mars à l'aube, l'armée israélienne s'est retirée de la partie nord de la bande de Gaza qu'elle occupait depuis quatre jours. Cette offensive militaire appuyée par d'importants bombardements a fait 117 morts, selon des responsables médicaux palestiniens, dont de nombreuses femmes et enfants.
Dans un avenir peut-être proche, une invasion plus durable et plus profonde de Gaza par les troupes israéliennes n'est pas exclue, c'est du moins ce qu'affirme Ehoud Barak, le ministre travailliste de la Défense, qui prévoit un possible retour en force dans l'enclave palestinienne pour, dit-il, " changer la situation ", c'est-à-dire renverser le régime mis en place par le Hamas. Une telle décision ne dépend évidemment pas que des gouvernants israéliens mais aussi des choix de la puissance tutélaire américaine.
Embourbés en Irak et en Afghanistan, en butte à l'hostilité marquée des populations du Moyen-Orient, les États-Unis font parfois le choix de brider les ardeurs guerrières de leur allié israélien, ne serait-ce que pour maintenir en l'état les amitiés qu'ils entretiennent avec bon nombre de dictateurs de pays arabes. Cette politique n'est nullement contradictoire avec la totale complicité qui existe entre les États-Unis et Israël, elle la limite parfois dans le temps, obligeant les dirigeants israéliens à agir par à-coups ; à-coups que subissent de toute façon et de plein fouet les populations palestiniennes.
Comme il fallait s'y attendre, les bombardements israéliens, terrestres et aériens, n'ont eu aucun effet sur l'arrêt des tirs de roquettes palestiniens, qui se sont poursuivis le lundi 3 mars. Ces bombardements ne pouvaient que pousser davantage les Palestiniens de Gaza dans les bras du Hamas. Enfermés dans cette prison qu'est devenu Gaza, les Palestiniens réagissent avec les faibles moyens dont ils disposent, pour tenter de desserrer l'étau qui les étouffe. Car enfin, ce sont eux qui supportent depuis des décennies le poids de l'oppression et des humiliations. Ce sont eux qui payent dans leur chair les violences de l'armée israélienne. Ce sont leurs malades qui meurent parce qu'ils ne trouvent plus de médicaments à Gaza. Ce sont eux qui n'ont plus d'eau potable parce les stations d'épuration ont été détruites. Ce sont leurs maisons qui sont éventrées. Et quinze camions seulement sont actuellement autorisés à rentrer chaque jour, au lieu des 400 qui seraient nécessaires pour ravitailler la population. Comment dans ces conditions ne pas se soulever, même au risque de sa vie !
Le maire de Sderot, ville la plus touchée par les tirs de roquettes palestiniens, a déclaré qu'il était prêt à négocier un cessez-le-feu avec le Hamas, qui de son côté, et à deux reprises, a demandé un accord de trêve. En Cisjordanie, fin 2007, les Brigades des Martyrs d'Al Aqsa, liées au Fatah, avaient décrété une trêve pour faciliter d'éventuels pourparlers. De nombreux combattants avaient même remis leurs armes à l'Autorité palestinienne. Mais cela n'a rien changé à l'attitude de l'armée israélienne qui a continué ses exécutions, ses enlèvements et ses destructions d'habitations.
La situation est en fait sans issue, non pas parce que les Palestiniens se défendent mais parce que les dirigeants israéliens refusent de leur accorder les droits fondamentaux qu'ils réclament. Si bien que tous les " processus de paix " n'ont jusqu'à présent servi qu'à formaliser la politique d'apartheid imposée par tous les gouvernements israéliens, qu'ils aient été de droite ou prétendument de gauche.
Ajoutant encore à l'odieux, l'adjoint du ministre de la Défense, un certain Vilnaï, lui aussi membre du Parti Travailliste tout comme son supérieur Barak, vient de déclarer : " Plus les tirs de roquettes Kassam s'intensifieront, plus les roquettes augmenteront de portée, plus la shoah à laquelle ils s'exposeront (les Palestiniens) sera importante, parce que nous emploieront toute notre puissance. " Le terme " shoah ", choisi par le courant sioniste pour désigner le massacre des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, a ceci de particulier qu'il entend souligner le caractère unique du génocide des Juifs ; un génocide que l'on ne pourrait donc comparer à nul autre. Et encore aujourd'hui, quiconque s'avise à nier cette vérité imposée est immédiatement taxé d'antisémitisme. Vilnaï et les siens n'ont même plus cette retenue, une façon pour eux de s'afficher sans honte dans le camp des bourreaux.