Le 16 février, les travailleurs de Ford se sont mis en colère contre la fermeture programmée de l'une des deux usines du site de Blanquefort, en Gironde.

Après avoir lanterné les salariés durant des mois, la direction de Ford Europe a finalement annoncé à la fin de l'année 2007 sa volonté de fermer l'usine de boîtes à vitesses automatiques (FAI), qui emploie 1 800 travailleurs, d'ici au plus tard 2010. Selon les syndicats ¬cela représenterait au total 10 000 emplois, en comptant la sous-traitance et les emplois induits. Ne resterait alors sur le site que l'usine GFT, mitoyenne, avec 900 salariés, qui a été séparée de l'autre usine il y a une dizaine d'années et qui fabrique des boîtes de vitesses manuelles.

Après plusieurs manifestations remarquées à l'automne dernier et plusieurs débrayages en janvier et février, des centaines d'ouvriers de FAI ont bloqué samedi 16 février l'approvisionnement en pièces des deux usines, organisant des barrages aux entrées et paralysant ainsi progressivement la production. Du 16 au 23, de plus en plus de salariés se sont mis en grève plusieurs heures par jour, ou ont rejoint les barrages après ou avant leurs heures de travail. Ils revendiquent le maintien de tous les emplois, en même temps qu'une prime de 120 000 euros (l'équivalent des 150 000 dollars que Ford a versés à ses ouvriers américains licenciés) pour les emplois qui seraient supprimés.

Face à cela, la direction a imposé le chômage technique dans l'usine de GFT. Elle a menacé de fermer l'usine et a fait condamner en justice les organisations syndicales à 1 000 euros d'amende par heure de blocage, si le blocage de l'usine GFT continuait. Les salariés ont alors décidé de ne plus empêcher les camions d'entrer dans le site de GFT, tout en maintenant les piquets aux entrées des deux usines et en bloquant toujours FAI, l'usine étant à son tour mise en chômage technique. Et lundi 25 février, la direction de FAI a déposé un recours contre les piquets de FAI.

Ford Europe fait des centaines de millions d'euros de bénéfices. Sans compter les millions de subventions dont Ford a été arrosé dès son implantation en Gironde ! Ford a bien sûr les moyens de maintenir tous les emplois sur le site, quitte à reconvertir la production. Quant à une hypothétique reconversion industrielle hors Ford (dont se font écho des élus locaux et des syndicats), elle ne concernerait aujourd'hui au mieux que quelques dizaines de salariés.

Il n'y aura de solution satisfaisante pour les salariés que si Ford et les pouvoirs publics craignent que la mobilisation et la détermination des travailleurs ne deviennent contagieuses. Tout comme ils ne lâcheront les primes pour les emplois supprimés que sous la contrainte. Les ouvriers de Ford ont fait parler d'eux plusieurs fois ces derniers mois. Maintenant, ils sont décidés à ne plus attendre et leur mobilisation a franchi une étape. Ils ont sensibilisé les travailleurs de la région bordelaise et peuvent trouver leur solidarité active. Car en s'attaquant aux travailleurs des usines de Blanquefort, c'est toute la région que Ford menace de ruiner.