Le plan "espoir banlieue" : Du vent, comme tous les précédents !16/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2063.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le plan "espoir banlieue" : Du vent, comme tous les précédents !

Ce devait être le " plan Marshall " des banlieues, celui qui allait tout changer. Le vendredi 8 février, Sarkozy a même tenu à présenter en personne ce " plan espoir banlieue ", volant la vedette à sa secrétaire d'État Fadela Amara. En fait, il s'agit une fois de plus d'une coquille vide, de la même veine que tous les précédents plans banlieue élaborés depuis trente ans, sans moyens financiers et qui ne pourra pas changer quoi que ce soit à la vie des populations des cités défavorisées.

La grande nouveauté résiderait en un " contrat d'autonomie ", qui devrait toucher 100 000 jeunes en trois ans. Il s'agit d'un contrat signé entre un jeune et une entreprise spécialisée dans l'insertion professionnelle, pour l'aider à trouver un emploi en lui apprenant comment rédiger un CV, s'habiller et s'exprimer pour se présenter à un entretien d'embauche. Mais il n'y a pas de véritable formation professionnelle susceptible de lui donner un métier entre les mains. Et comme, en outre, ces entreprises d'insertion seraient rémunérées aux résultats, il y a peu de chances qu'elles se précipitent en banlieue afin de " coacher " les jeunes, puisque c'est le terme utilisé.

Les entreprises sont aussi incitées à s'installer dans ces quartiers. Cela a un air de déjà vu, avec les zones franches mises sur pied en 1996, où les patrons bénéficient d'exonérations d'impôts et de cotisations sociales. Mais le chômage n'a pas pour autant cessé d'augmenter, pour atteindre 40 % de la population dans certaines cités, et pas seulement les jeunes.

Un autre volet du plan est l'annonce de la création de nouvelles " écoles de la seconde chance " (il en existe une trentaine), pour remettre dans le système scolaire les jeunes qui ont abandonné l'école en cours de route. Mais à quoi cela peut-il servir si, dans le même temps, le gouvernement continue à détériorer " l'école de la première chance " en supprimant des milliers de postes d'enseignants chaque année ? Il faudrait commencer par donner des moyens importants, financiers et humains, aux établissements scolaires situés dans les quartiers où les élèves concentrent les difficultés, pour rendre l'école plus attractive et efficace.

Le désenclavement ? Le gouvernement promet d'y consacrer 500 millions sur trois ans, en partenariat avec les collectivités locales. Tant mieux s'il y a un progrès dans ce domaine, car le manque de transports collectifs isole encore plus les habitants des cités. Mais Jospin en parlait déjà en décembre 1999, en présentant un " plan banlieue " qui devait tout changer ! Rien n'a changé depuis.

Enfin, 4 000 policiers seront affectés, en trois ans, sur ces quartiers. Il reste à savoir comment on compte les faire agir. S'il s'agit, comme c'est souvent le cas, de contrôler, provoquer et arrêter les jeunes à longueur de journée en contribuant au climat de tension, ce n'est pas cela qui fait baisser la délinquance et qui constitue une protection et une aide pour les habitants.

C'est donc un plan banlieue de plus, et il résoudra d'autant moins les problèmes de chômage, de pauvreté et d'abandon des pouvoirs publics, auxquels est confrontée la population ouvrière de ces cités, qu'il ne bénéficiera d'aucun financement. Sarkozy a parlé de " redéploiement des crédits " dans chaque ministère concerné. Autrement dit, on prendra d'un côté ce que l'on donnera, peut-être, de l'autre. À mettre en parallèle avec les 15 milliards d'euros que le gouvernement a su trouver, sans " redéploiement ", pour baisser les impôts des plus riches...

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