Traité européen : Le Parlement va ratifier, mais pas les électeurs07/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2062.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Traité européen : Le Parlement va ratifier, mais pas les électeurs

Lundi 4 février, les députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles ont adopté la révision constitutionnelle préalable à la ratification du prétendu traité européen. Ce vote acquis, les députés pourront dorénavant ratifier ce traité qu'une majorité d'électeurs avaient rejeté en 2005. Curieuse démocratie, qui consiste à faire adopter par des parlementaires un texte majoritairement refusé par la population.

Samedi 2 février, un meeting commun aux partis, organisations et associations qui ont mené campagne pour que le nouveau traité soit lui aussi soumis à un référendum, a eu lieu à Paris, salle Carpentier. Nous publions ci-après de larges extraits de l'intervention de notre camarade Arlette Laguiller, qui a pris la parole.

" Je dénonce, moi aussi, le déni de démocratie qui consiste à faire revoter par le Parlement ce traité européen qui n'est qu'une reformulation à peine modifiée du projet de traité constitutionnel, rejeté lors du référendum en 2005. (...)

Le déni de démocratie pour imposer le traité constitutionnel est présent dans le traité constitutionnel lui-même. Le problème sous-jacent au projet de Constitution, et qui reste au centre des préoccupations ayant guidé la rédaction du nouveau traité européen, est de retirer une grande partie du pouvoir de décision aux pays nouvellement intégrés dans l'Union européenne, en supprimant l'obligation de prendre les décisions à l'unanimité.

Derrière le calcul compliqué de la répartition, il s'agit d'imposer la prépondérance des grandes puissances d'Europe occidentale ou, du moins, leur possibilité de veto contre les pays plus pauvres de l'Est (ou du Sud) de l'Europe.

Et, au-delà de ce problème précis qui a motivé ce traité, il est réactionnaire, comme tous les autres traités qui ont jalonné la mise en place des institutions européennes. Il concerne les échanges de capitaux et les échanges commerciaux, voire l'armement de l'Europe, et pas du tout le bien-être et l'avenir des Européens.

Pour ma part, je suis, avec mes camarades de Lutte Ouvrière, pour une Europe unie et sans frontières, avec une citoyenneté et un passeport uniques, une Europe où tous les citoyens puissent circuler librement et s'établir librement, et qui cherche à réduire les inégalités sociales à l'intérieur de chaque pays, comme de pays à pays, de région à région, au lieu d'être simplement une chasse gardée pour les grands groupes capitalistes.

Pour que l'Europe soit plus sociale que l'est celle du grand capital, qu'incarnent les institutions européennes, il faudrait accroître la protection sociale, privilégier les services publics et limiter les capacités de nuisance des groupes capitalistes privés. (...)

Pour empêcher les grandes entreprises d'investir en fonction de leurs profits à court terme, de délocaliser au gré des intérêts privés de leurs actionnaires, d'aggraver le chômage et les inégalités à l'intérieur de chaque pays et entre pays, il faudrait soumettre les entreprises industrielles, commerciales et bancaires au contrôle démocratique de la population.

Alors, c'est dire que nous rejetons absolument le traité dit de Lisbonne, qui nous est présenté. Je sais bien que toutes celles et tous ceux qui sont ici ne partagent pas forcément la même vision de l'Europe future. Mais tous sont d'accord pour rejeter les méthodes antidémocratiques du gouvernement et pour exiger que le traité européen soit soumis au vote par référendum. (...) "

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