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Dans les entreprises
Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) : Carton rouge pour la direction
Sur le site du Technocentre Renault, où 11 500 salariés conçoivent et développent les nouveaux projets de véhicules, plusieurs d'entre eux s'étaient suicidés entre octobre 2006 et début 2007. Des enquêtes avaient alors été engagées par l'Inspection du travail.
Celle-ci vient, le 7 janvier, de notifier à la direction de Renault un " avertissement ". Elle lui demande " de fournir les éléments complémentaires pour statuer sur un éventuel PV pour harcèlement moral institutionnel et obstacle à l'accomplissement des missions (de l'Inspection) en l'absence de décompte de la durée du travail ".
Le terme " harcèlement moral institutionnel " signifie qu'il ne s'agit pas d'un harcèlement de la part de quelques chefs isolés, mais que l'Inspection du travail considère qu'il s'agit d'un véritable système de gestion du personnel appliqué par l'ensemble des responsables de Renault.
C'est bien cela que vivent les travailleurs du Technocentre. Cela se traduit par des pressions pour les faire travailler plus et pour les culpabiliser. Ainsi un nouveau système de cotation des salariés a été mis en place début 2008 dans l'entretien annuel. Les délais de développement des véhicules ont été fortement réduits, ce qui contribue à intensifier le travail de tous. Il faut rendre compte tous les jours de l'avancement des dossiers, dans des réunions où les salariés sont mis en accusation.
Parallèlement à cet avertissement, le rapport final du cabinet d'expertise mandaté par le CHS-CT (Comité d'hygiène et sécurité - conditions de travail) du Technocentre confirme que 31,2 % des ingénieurs et cadres du site sont très stressés... alors que la moyenne nationale se situe à 10 %. Tous les salariés affirment qu'ils vivent une situation de sous-effectif et qu'ils disposent d'un temps insuffisant pour effectuer correctement leur travail. Le dépassement de la durée légale du travail est en moyenne de deux heures par jour. Et ces heures supplémentaires ne sont pas payées.
Face à ce constat alarmant, la direction de Renault ne répond rien. Elle continue d'affirmer qu'" il faut passer d'une culture de l'effort à une culture du résultat ". Le résultat pour Renault, ce sont les profits réalisés depuis des années sur l'exploitation des salariés des bureaux et des ateliers : 14 milliards d'euros de profit net accumulé en cinq ans, entre 2000 et 2005. C'est l'engagement de Renault à augmenter les dividendes de 66 % d'ici 2009. Mais l'avertissement envoyé à Renault par l'Inspection du travail peut aussi redonner confiance aux salariés pour imposer l'arrêt des pressions et des heures supplémentaires, l'embauche et l'augmentation des salaires.