Mercredi 23 janvier, vers 19 h 30, un travailleur des Presses de Renault Flins a été victime d'un accident grave, alors qu'il traversait une allée. Renversé par un engin presseur, sorte d'énorme chariot élévateur sans visibilité, il a dû être amputé des deux jambes.

Le soir même de l'accident, la première réaction de la direction a été de chercher un " responsable ". Il s'en est suivi une altercation avec des travailleurs, encore sous le choc, mais convaincus que la seule responsable est la direction.

L'atelier des Presses, qui emboutit les pièces de carrosserie, est perpétuellement encombré, non seulement par les énormes lignes d'emboutissage mais aussi par les outils de presses ; ces " moules " peuvent peser jusqu'à quarante tonnes et sont empilés les uns sur les autres, faute de place. Ajoutez à cela une circulation incessante de plus de vingt caristes et tractoristes ainsi que les manipulations permanentes des outils par les ponts roulants, tout cela avec cent cinquante ouvriers circulant à pied dans ce dédale.

Lorsque ces engins presseurs sont arrivés pour la première fois à l'usine, les caristes ont refusé de les utiliser pendant plusieurs mois car ils n'avaient aucune visibilité. La direction a fait procéder à quelques modifications mineures puis a décidé de les mettre en circulation. Ces monstres de douze tonnes, qui peuvent transporter des charges de plusieurs tonnes, sont faits pour circuler dans des endroits dégagés mais aux Presses, ils tiennent toute la largeur des allées. La direction a décidé de les utiliser comme des chariots élévateurs normaux parce qu'ils lui permettaient de faire des économies d'emballage.

Ces dernières années, le rythme de production s'est accéléré : il faut sans arrêt changer de fabrication, alimenter les machines en tôles à emboutir. La direction fait la chasse aux temps morts, qu'elle appelle " arrêts caristes ", mettant ainsi la pression sur les travailleurs.

Dans cet atelier, chaque année des ouvriers sont gravement accidentés et gardent des séquelles de leurs blessures. Après ce nouvel accident, la direction a seulement proposé, pour se dédouaner, une séance de sensibilisation aux risques liés à la circulation des engins ! Exaspérés, les travailleurs lui ont fait remarquer que cet accident suffisait largement à la " sensibilisation " et qu'elle se moquait du monde avec ce genre de proposition ! Dans les heures qui ont suivi, ils n'ont pas pris leur poste pour discuter entre eux.

C'est la direction qui a imposé ces engins dangereux et qui nous oblige à travailler toujours plus vite. C'est sa course à la productivité qui mène inévitablement à la catastrophe ! Dans cet accident, elle est responsable et coupable !