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États-Unis - La campagne des primaires démocrates : Les politiques du faux espoir
Les militants trotskystes américains qui publient The Spark reviennent, dans le dernier numéro de leur bimensuel, sur les primaires qui, au sein du Parti Démocrate, opposent Hillary Clinton et Barack Obama pour la candidature à la présidentielle américaine. Mardi 5 février se tiendra le " super-mardi ", cette journée de vote des primaires qui mobilisera vingt-et-un États américains, dont la Californie. Là devrait au moins se confirmer la prédominance de ces deux candidats démocrates et, peut-être, lequel des deux prend de l'ascendant. On saura aussi, du côté républicain, lequel de John McCain ou Mitt Romney reste dans la course à la Maison-Blanche.
Hillary Clinton comme Barack Obama, les têtes de file des candidats démocrates au poste de président, proclament qu'ils veulent changer les choses.
L'autobiographie d'Obama a pour titre L'audace de l'espoir - pensées sur la réaffirmation du rêve américain.
Hillary Clinton dit qu'elle est pour le changement aussi, et qu'elle a l'expérience nécessaire pour faire que celui-ci se produise.
Ni Clinton ni Obama ne proposent de mettre fin à la guerre et d'arrêter le brigandage qui l'accompagne.
Hillary Clinton déclare que le premier jour où elle sera présidente elle commencera le retrait des troupes américaines d'Irak. Cependant, elle dit aussi que le processus de retrait ne sera pas achevé avant 2013. Et elle annonce que des dizaines de milliers de soldats américains devront rester en Irak ! Son plan pour en finir avec la guerre n'est donc pas très différent de celui de Bush.
Obama dit qu'il a voté contre la résolution pour l'invasion de l'Irak. C'est vrai, il n'était pas au Sénat. Mais, depuis, il a voté à chaque fois pour accorder l'argent nécessaire à mener cette guerre. Et il explique que le problème avec la guerre c'est que le retrait diminuerait l'impact des autres guerres que les États-Unis doivent poursuivre en Afghanistan et au Pakistan.
Obama est un admirateur de feu le président républicain Ronald Reagan : " Je pense qu'il [Reagan] allait dans le sens de ce que les gens avaient déjà senti, qui était que nous voulons un retour au sens du dynamisme et de la volonté d'entreprendre qui a fait défaut. "
Mais " le dynamisme et la volonté d'entreprendre " signifiaient que Reagan s'attaquait aux programmes sociaux de la population laborieuse. Il s'en prenait aux travailleurs qui avaient l'audace de faire grève pour leur emploi et leurs conditions de travail. Et Reagan accorda baisses d'impôts et autres aides aux grandes entreprises.
Aujourd'hui, derrière le masque des diminutions d'impôts et des aides accordées aux entreprises qui créeraient des emplois, Obama propose la même chose. Et Hillary Clinton également. Son programme appelle à plus de réductions d'impôts pour le secteur de la recherche des grandes entreprises, pour les entreprises de télécommunications, de l'automobile, de l'électricité et de l'agro-alimentaire.
Aussi il ne serait pas surprenant qu'Hillary Clinton ou Barack Obama soient ramenés aux commandes par les grandes entreprises, les banques et les plus fortunés. La majorité du grand capital et des plus riches ont clairement décidé que l'une ou l'autre de ces candidats démocrates serait le meilleur représentant de leurs intérêts. Fin septembre (la dernière fois que des chiffres de financement de la campagne ont été annoncés), Hillary Clinton était en tête des candidats pour l'ensemble des contributions financières : près de 91 millions de dollars. Barack Obama était second avec 80 millions. Mitt Romney, le candidat républicain qui dispose du plus grand trésor de guerre, avait reçu environ 63 millions de dollars, dont une bonne part était son propre argent !
La plus grande part de l'argent de Clinton et d'Obama vient d'importants donateurs. Obama avait le plus grand nombre de dons dépassant 200 dollars, Hillary Clinton était seconde. Elle a obtenu la majorité de l'argent des banques commerciales ; Obama vient en second et tous les candidats républicains sont loin derrière. Elle a obtenu la majorité de l'argent des sociétés d'investissement et de sécurité ; le républicain Rudy Giuliani et Obama sont seconds ex-aequo ; tous les autres sont loin derrière. Hillary Clinton a empoché la majorité de l'argent des laboratoires pharmaceutiques et des entreprises spécialisées en produits pour la santé ; Obama et le républicain Mitt Romney arrivent seconds ; et tous les autres sont loin derrière. Obama l'emporte avec les entreprises s'occupant d'informatique et d'internet ; Clinton arrive seconde ; tous les autres sont loin derrière.
Quel que soit le vainqueur, nous aurons un gouvernement attentif à promouvoir et à protéger les intérêts des grandes entreprises, des banques et de leurs propriétaires. Et les politiques que mèneront Hillary Clinton comme Barack Obama approfondiront les attaques contre le monde du travail. Leurs campagnes respectives ont pour but de dissimuler cela et d'engendrer de faux espoirs de " changement ".