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Libération de deux otages en Colombie : Une brèche vers de nouvelles négociations ?
La médiation du président vénézuélien Hugo Chavez, après bien des rebondissements, a abouti, jeudi 10 janvier à la libération de deux otages retenues par les guérilleros colombiens des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), une façon comme une autre pour ceux-ci de jeter une pierre dans le jardin du président colombien Uribe qui avait tout fait pour saboter la médiation de Chavez et même cette libération.
Fort de ce succès, Chavez plaidait le lendemain pour que les deux guérillas de Colombie, les FARC et l'ELN plus minoritaire, soient retirées des listes des organisations terroristes établies aussi bien par les États-Unis que par l'Union européenne. " Il faut leur accorder une reconnaissance, ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique ", a-t-il expliqué.
En effet, les FARC existent depuis 1964, mais c'est seulement depuis le 11 septembre 2001 que les États-Unis les ont inscrites sur la liste des organisations terroristes, ce qui justifie toutes les répressions contre elles et surtout bloque tout règlement politique. Étiquetées " terroristes ", les FARC se retrouvent logées à la même enseigne que l'étaient dans le passé les nationalistes de l'IRA irlandaise ou du FLN algérien, pour ne pas remonter aux résistants français de la Seconde Guerre mondiale...
C'est aussi une façon de leur dénier le droit de s'opposer, les armes à la main, aux grands propriétaires terriens, aux narco-trafiquants, aux milices d'extrême droite, ce qu'elles font depuis plus de quarante ans. Car le combat des FARC, quelles que soit ses limites sociales et ses dérives, s'inscrit dans la tradition des luttes qui ont opposé à plusieurs reprises, au cours du 20e siècle, les grands propriétaires terriens aux paysans pauvres, les possédants aux plus déshérités.
L'armée colombienne, les milices paramilitaires d'extrême droite et les mercenaires envoyés de Washington n'ont pas cessé de les réprimer. Il s'était trouvé en 1985 un président colombien pour accepter la réinsertion des FARC dans la vie politique traditionnelle. Sous le nom d'Union patriotique, ses militants avaient participé à des élections. Un an après, un autre président les interdisait de nouveau, ce qui s'accompagna d'une série d'assassinats commis par les paramilitaires. Ceux-ci tuèrent trois mille membres de l'Union patriotique, dont deux candidats à la présidence de la République et plusieurs centaines d'élus et de cadres. Si quelqu'un mérite l'étiquette de " terroriste " en Colombie, ce sont les paramilitaires qui ont assumé toutes les basses besognes des possédants et des gouvernants depuis des dizaines d'années.
La demande de Chavez a été rejetée par le gouvernement colombien. Elle a pourtant été saluée par une des otages, Consuelo Gonzalez, qui tout en désavouant le caractère inhumain des prises d'otages a aussi estimé que " toute action permettant d'avancer dans la recherche de la paix et de l'échange humanitaire est valable ".
Chavez est revenu à la charge dimanche 13 janvier, en exprimant le souhait de rencontrer le chef des FARC, Manuel Marulanda, si le gouvernement colombien l'y autorise, pour lui dire son opposition aux prises d'otages et son rejet de la voie armée, tout en ajoutant en direction de Washington et du gouvernement colombien que " ce problème n'a pas de solution militaire. La seule solution, c'est la voie politique ". En effet, c'est celle qui, après des années de guerre, a conduit autrefois les autorités françaises à négocier finalement avec les " terroristes " du FLN algérien ou les autorités britanniques avec les " terroristes " de l'IRA, à partir du moment où elles estimaient qu'un règlement politique, et donc un compromis, devenait leur intérêt.