La Poste : Paris 8e Facteurs en grève contre les suppressions d'emplois !18/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2059.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Paris 8e Facteurs en grève contre les suppressions d'emplois !

Depuis le lundi 14 janvier plus de la moitié des 300 facteurs du bureau central du 8e arrondissement de Paris sont en grève. Ils demandent le retrait du plan de suppressions d'emplois annoncé par la direction de La Poste, qui prévoyait 110 suppressions d'emplois, le tiers des effectifs de ce qu'on appelle les services d'exécution.

Une trentaine de travailleurs CDD devaient être licenciés au 17 mars, avec des mutations d'office pour un nombre indéterminé de postiers, et des conditions de travail de tous brutalement dégradées. C'était cela le plan, et ce qui a fait déborder le vase c'est que ces suppressions d'emplois venaient à la suite du précédent plan de restructuration, mis en oeuvre il y a deux ans, avec déjà 90 emplois supprimés.

Dès le lundi matin les grévistes ont eu droit à un comité d'accueil d'une douzaine de cadres supérieurs de La Poste, barrant l'accès du bureau. Cette attitude provocatrice, d'ailleurs totalement illégale, décidée en haut lieu est devenue maintenant une habitude lors des conflits.

Mais ils en ont été pour leur frais car ce sont bel et bien ces cadres qui ont été encadrés par une centaine de grévistes présents. La Poste a trouvé que la présence massive des grévistes représentait en soi une " entrave à la libre circulation du courrier ", et elle a eu le culot, sur ce motif, de faire assigner18 d'entre eux devant le tribunal. Ce qui n'a pas du tout entamé leur détermination.

Le bureau de Paris 8 a une particularité : c'est lui qui assure la distribution du courrier à l'Élysée, et donc à Sarkozy. C'est sans doute ce qui expliquait l'extrême nervosité des cadres de La Poste, et c'est aussi pourquoi les grévistes ont vu arriver en fin de matinée du premier jour de grève des cars de CRS.

Le lendemain, mardi 15 janvier, quatorze petits cars de CRS étaient présents devant le bureau de Paris 8. Les CRS avaient la consigne de repousser les grévistes un peu plus loin de l'entrée du bureau de poste. Ce déploiement a choqué les grévistes et a choqué d'autres postiers, non grévistes la veille, qui ont décidé à leur tour de se mettre en grève. Cela a mis très mal à l'aise toute une partie des cadres mobilisés par La Poste, dont certains ont ostensiblement abandonné le piquet antigrévistes ; le chef de centre lui-même est venu s'excuser devant les grévistes en déclarant que les CRS étaient là contre sa volonté et celle de La Poste, mais qu'ils avaient refusé de partir malgré ses demandes.

Tout cela, ajouté à la détermination des grévistes, a amené les responsables de La Poste à ouvrir des négociations à l'issue d'une manifestation dynamique qui a conduit une centaine de manifestants devant les bureaux de la direction départementale. À cette occasion un tract a été distribué aux usagers et aux salariés rencontrés, expliquant les raisons de leur grève.

Au bout de deux jours de grève la direction de La Poste annonçait le retrait de son assignation des 18 grévistes devant le TGI de Paris. Quant aux suppressions d'emplois prévues initialement, La Poste s'engageait à procéder le 17 mars à l'embauche en CDI de la trentaine de CDD menacés de licenciement. En plus, elle limitait les suppressions d'emplois, en en annulant au total 31. Mais si les menaces individuelles de licenciement ou de mutation d'office sont levées pour plus de soixante postiers, les menaces restent pour d'autres, et pour tous demeure l'aggravation des conditions de travail.

Les grévistes ont donc considéré que le compte n'y était pas et ont décidé de poursuivre leur mouvement. La direction de La Poste faisait d'ailleurs savoir que des négociations devraient reprendre dès mercredi 16 janvier.

Il faut dire que c'est sur tout Paris, et même dans tout le pays que ces suppressions continuelles d'emploi sont de plus en plus insupportables : 30 000 sont programmées sur le seul service courrier et des milliers d'autres dans les autres secteurs de La Poste. À l'initiative de la CGT, une réunion des bureaux de Poste parisiens était programmée le 16 janvier pour discuter des moyens de coordonner la résistance à toutes ces attaques.

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