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Autriche : Quand les quarante heures peuvent devenir soixante !
En Autriche, le 1er janvier a vu l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi concernant la durée du travail. Cette loi est un véritable scandale, mais cela n'a pas empêché l'unique confédération syndicale (ÖGB) de l'avoir préparée avec les chambres patronales, ni le gouvernement de coalition (les socialistes du SPÖ et le parti conservateur ÖVP gouvernent ensemble) dirigé par le social-démocrate Alfred Gusenbauer de l'avoir fait voter en juillet dernier, ni les députés de ce même parti de l'avoir votée sans hésiter.
Il faut dire qu'il est de tradition en Autriche que des dirigeants syndicaux soient également députés, de gauche mais aussi de droite.
Cette loi, en augmentant considérablement la flexibilité, rend possibles des journées de travail aux horaires déments. Elle supprime aussi quasiment la notion d'heures supplémentaires et les majorations de salaire qui vont avec. En plus d'avoir des conséquences catastrophiques sur la santé des travailleurs concernés, elle se traduira donc aussi par des baisses de revenus.
En Autriche, la durée légale du travail est de 40 heures par semaine. Cette durée est maintenue dans la nouvelle loi, mais ce calcul sera désormais établi en moyenne annuelle. Du coup, la loi rend possibles des journées de travail de 12 heures, des semaines de 60 heures, et cela pendant... 24 semaines d'affilée ! En fait, cela concerne particulièrement les travailleurs d'industrie, dont les patrons pourront ainsi faire tourner leurs usines 24 heures sur 24 quand ils le souhaiteront, sans même créer une troisième équipe, mais tout simplement en augmentant la journée de travail de chaque équipe jusqu'à 12 heures par jour !
Il est seulement prévu qu'après 24 semaines à 12 heures par jour cinq jours sur sept, la journée de travail devra redescendre à 10 heures pendant deux semaines avant de pouvoir revenir à 12 heures par jour.
Le ministre chrétien-conservateur de l'Économie et du Travail Martin Bartenstein s'est félicité d'une telle loi. Cela n'a rien d'étonnant de la part d'un homme qui est aussi héritier d'une entreprise pharmaceutique et qui, millionnaire, fait partie des cent personnes les plus riches en Autriche. Quant au président de l'ÖGB, il a parlé d'accord " gagnant-gagnant ", expliquant que c'était cela le " nouveau syndicalisme ".
Cela dit, voter une loi est une chose, l'appliquer en est une autre. Dans ce pays pourtant réputé pour sa " paix sociale " fort profitable aux actionnaires, cette loi est une déclaration de guerre du patronat aux travailleurs. Et il se pourrait bien que ceux-ci répondent comme il se doit à cette menace d'une aggravation considérable de leurs conditions de travail.