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- Lutte ouvrière n°2059
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ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : Après avoir transformé l'acier en or, le patron voudrait jeter les travailleurs à la ferraille
Moins de deux ans après la fusion entre Arcelor et Mittal, la direction du nouveau groupe ArcelorMittal a annoncé son intention de supprimer l'aciérie et un laminoir de l'usine de Gandrange près de Metz. Soit près de 700 emplois directs, sans compter les 300 sous-traitants à demeure sur le site, ni compter les centaines d'emplois induits. Plus de 1 000 emplois devraient donc être supprimés.
Il ne resterait sur le site, l'an prochain, que le laminoir à couronnes et barres (LCB) et le centre de recherche soit moins de 300 personnes. Tout le monde sait que la fermeture de l'aciérie prépare la suppression pure et simple du site. Une fois l'aciérie fermée, la direction aura beau jeu de dire qu'un laminoir isolé n'est pas rentable et de faire mine de s'étonner de la mort du site après l'avoir étranglé.
Les syndicats ont été informés des projets de la direction et un Comité d'entreprise extraordinaire devait l'officialiser, le 16 janvier. Un appel à se rassembler devant les locaux du CE a été lancé par l'intersyndicale. L'opinion se partage entre la colère, l'abattement et un sentiment de fatalité dans cette usine qui, en trente ans, est passée de 14 000 à moins de mille travailleurs. La direction envoie les cadres faire le tour des secteurs pour expliquer que tout le monde sera recasé et qu'il n'y aura pas de licenciements secs. Mais, même si ce sera peut-être le cas chez ArcelorMittal, vu les nombreux départs en retraite prévus dans l'année à Gandrange ou dans l'usine de Florange toute proche, la décision de la direction va augmenter le chômage dans la région. Directement pour les sous-traitants et les intérimaires qui vont se retrouver à la porte, et indirectement pour les jeunes qui ne trouveront plus de travail.
La direction explique que l'usine de Gandrange serait déficitaire, comme si cela avait un sens dans un groupe dont le cours de l'action a enregistré la plus forte hausse de la Bourse de Paris - plus 74 % en un an ! ArcelorMittal est le numéro un mondial de l'acier. Il emploie 320 000 salariés de par le monde et, rien qu'au troisième trimestre, ses bénéfices ont grimpé de 36 %. Ils se sont élevés à plus de deux milliards d'euros, de quoi assurer pendant près d'un siècle le salaire, charges comprises, de tous les travailleurs de Gandrange dont ArcelorMittal veut supprimer l'emploi ! Ces milliards de bénéfices sont la démonstration vivante que les profits d'aujourd'hui ne sont pas les emplois de demain, comme le répètent à l'envi patrons et politiciens à leur solde.
Le déficit, qu'il soit réel ou inventé de toutes pièces dans le but de faire encore plus de bénéfices en regroupant la production, ne peut en rien justifier la fermeture annoncée. D'autant que c'est avec l'argent des contribuables que l'aciérie de Gandrange a été construite à la fin des années 1960 pour sauver une sidérurgie qu'on prétendait en difficulté. C'est avec l'argent des contribuables que l'usine de Gandrange fut modernisée et transformée quand elle est devenue une aciérie électrique à l'époque de la nationalisation des années 1980-1990, où l'État a assuré les investissements... et les premiers licenciements.
En 2000, Mittal a repris pour le franc symbolique l'usine à Usinor qui, fraîchement privatisé, n'en voulait plus. C'est maintenant Mittal qui veut jeter l'usine... sans oublier d'emporter bien sûr les clients et un carnet de commandes fort bien fourni.
La seule raison de ces emplois sacrifiés, c'est de satisfaire la soif inextinguible de profits des actionnaires qui s'appelaient avant-hier de Wendel, hier Usinor, puis Mittal et aujourd'hui ArcelorMittal.