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- Lutte ouvrière n°2058
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Leur société
Salaires bloqués et prix en hausse : Inverser la pompe à profit !
D'après le journal Le Parisien du 7 janvier, 12 % des salariés français sont payés au smic, soit moins de 1 000 euros par mois pour 169 heures travaillées. Quinze autres pour cent, principalement des femmes, ont un salaire inférieur au smic. Au total, cela fait presque un tiers des salariés qui ne disposent donc pour vivre que d'un salaire inférieur ou égal à ce salaire minimum.
En réalité, la proportion de travailleurs n'ayant pas un salaire qui leur permette de vivre correctement est encore bien supérieure ; il y a tous ceux qui ne vivent qu'avec des contrats précaires et qui n'ont donc, sur l'année, jamais l'équivalent d'un salaire entier par mois. Et il faudrait ajouter tous les travailleurs au chômage et tous ceux qui vivent avec une retraite insuffisante.
De plus, ces faibles revenus sont toujours davantage diminués par toute une série de prélèvements en augmentation, tels que les franchises médicales, et par l'augmentation des prix.
Il n'y a rien de mystérieux ni de fatal dans tout cela : il s'agit d'un véritable transfert d'argent des poches des salariés à celles des actionnaires. Ceux qui profitent de l'augmentation des prix des produits alimentaires, par exemple du prix du yaourt, pour n'en citer qu'un, ne sont ni les petits commerçants de quartier, ni les gérants des magasins chargés de changer les étiquettes jour après jour, mais bien les actionnaires des multinationales de l'agroalimentaire, comme Danone qui affiche de confortables profits depuis des années. Et de même, l'augmentation du prix du pétrole profite aux actionnaires des grands groupes pétroliers comme Total, qui affiche depuis des années des milliards d'euros de bénéfices.
Ce sont des mensonges du même genre qu'on nous sert pour les salaires. Les patrons ne seraient pas responsables et leur bas niveau serait de la faute de la mondialisation, de l'Europe, de la concurrence asiatique, des bas salaires chinois, etc. On oublie de nous dire que, du fait du blocage des salaires depuis des années, la part de ceux-ci dans le revenu global du pays a diminué, tandis que la part des profits a augmenté.
D'après de récentes études, ce sont ainsi 120 à 170 milliards d'euros supplémentaires qui seraient ainsi passés chaque année des salariés aux actionnaires.
S'il y a de faibles revenus d'un côté, ce n'est donc pas de la faute des ouvriers chinois, c'est d'abord parce qu'il y a des profits florissants de l'autre. Si les travailleurs avaient un contrôle sur la comptabilité des grandes entreprises, sur leurs réels bénéfices, sur la façon dont les patrons de ces grands groupes fixent leurs prix, ils pourraient vérifier que de l'argent, il y en a. Diminuer la part des richesses produites qui va aux profits pour augmenter celle qui revient aux salariés, ce serait largement possible ; et ce ne serait que justice.