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- Lutte ouvrière n°2058
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Editorial
Les empêcher de nuire !
La mise en scène médiatique des frasques du président ne fera pas oublier la baisse accélérée du pouvoir d'achat des travailleurs. D'autant moins que le luxe des escapades de Sarkozy, jet privé, yacht et suites dans des palaces, souligne le fossé entre le monde qu'il représente, celui de ses riches amis et protecteurs, et les classes populaires poussées vers la pauvreté.
Les travailleurs sont étouffés des deux côtés : leurs salaires sont bloqués alors que tout augmente, les prix de la nourriture, de l'essence, les loyers, les prélèvements comme les franchises médicales. Ce ne sont plus seulement les catégories les plus vulnérables, chômeurs, retraités, qui s'enfoncent dans la misère, c'est tout le monde du travail qui s'appauvrit.
Et la ministre de l'Économie de donner ce conseil : " Soyez des consommateurs avisés " ! Comme si les familles ouvrières n'étaient pas obligées, déjà, de rogner sur toutes les dépenses, non seulement les loisirs ou les vacances, mais aussi les vêtements ou la nourriture. Cela vaut le " S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! " de la reine Marie-Antoinette, peu de temps avant qu'éclate la Révolution qui a balayé la reine comme toute la monarchie.
Cette semaine doivent s'achever les négociations entre le patronat et les confédérations syndicales au sujet de ce qu'ils appellent " la modernisation du marché du travail ". En fait de modernisation, il s'agit de donner aux patrons le droit d'embaucher et de licencier sans contrainte et de supprimer pratiquement l'horaire légal de travail. Aussi férues qu'elles soient de négociations et d'accords, il n'est pas dit que les confédérations syndicales acceptent de signer ce qui sera un alignement pur et simple sur les positions du patronat. Le gouvernement a annoncé par avance que si " les partenaires sociaux " ne parviennent pas à un accord, il fera une loi pour en imposer le contenu. En somme : ou vous acceptez les positions patronales, ou on vous les imposera !
Ce que le gouvernement veut imposer surtout, c'est que disparaissent progressivement toutes les lois sociales, toutes les conventions collectives, pour que le monde du travail se retrouve divisé, fragmenté face aux patrons, entreprise par entreprise, voire pour que chaque travailleur soit livré individuellement à l'arbitraire patronal.
Mais, dans leur volonté de rendre les CDI aussi précaires que les contrats précaires, d'égaliser par le bas, le gouvernement et le grand patronat sont en train d'asséner la démonstration que les protections légales sont illusoires et, surtout, que tous les travailleurs sont dans la même situation.
C'est l'avidité du grand patronat qui finira par déclencher une explosion sociale, et ce sont les mesures gouvernementales qui montreront que tous les travailleurs subissent les mêmes attaques et que, pour être efficace, la lutte devra être collective.
Il ne faudra pas oublier, alors, que derrière les hommes de spectacle qui nous gouvernent, le véritable pouvoir c'est le patronat, et que c'est à ce pouvoir-là qu'il faut s'attaquer.
L'objectif fondamental des grandes luttes à venir devra être de contester au patronat son pouvoir absolu sur les entreprises et sur l'économie. Cela signifie soumettre le fonctionnement des entreprises, des banques, des chaînes de distribution, au contrôle collectif des travailleurs et de la population. Il faut imposer le contrôle sur les comptes des entreprises afin de pouvoir dévoiler les véritables raisons des décisions qui, comme une fermeture d'entreprise, une délocalisation, un licenciement collectif, affectent les conditions d'existence de toute la population. Dévoiler que ce ne sont pas des lois économiques impersonnelles qui font augmenter les prix, mais la volonté des patrons de faire plus de profit avec moins de travailleurs et en grugeant les consommateurs.
Le grand patronat, les financiers, les riches, pour s'enrichir toujours plus, poussent toute la société vers la catastrophe. Il faut les en empêcher !
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 janvier