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Dans les entreprises
Solvay (Région de Dole) : La peau de ses salariés ne vaut vraiment pas cher !
L'usine Solvay de Tavaux, près de Dole, est une usine de la chimie classée " Seveso seuil haut ", c'est-à-dire à risque maximum. Y sont fabriqués des produits parmi les plus nocifs qui soient, comme le chlorure de vinyle servant à la fabrication du PVC, le chlore, la soude caustique et bien d'autres encore.
Deux mille personnes y travaillent, en comptant les salariés des entreprises sous-traitantes présentes sur le site.
Depuis le décès d'un salarié cet été, le problème d'empoisonnement au benzène est posé. Ce salarié, en retraite depuis peu, était malade sans que la preuve de la maladie professionnelle ait été faite. Il a fallu son décès pour que l'enquête médicale avance l'hypothèse d'un empoisonnement au benzène.
La direction a commencé par nier qu'il y ait du benzène sur le site. Puis, après un deuxième décès, elle a fini par reconnaître qu'il y en avait mais en minimisant son importance, sous prétexte " qu'il ne s'agit pas d'un produit fabriqué à l'usine ou utilisé comme matière première ".
La direction nie systématiquement les risques. Cela fait trois ans qu'elle refuse que le site soit classé " risque amiante ", ce qui permettrait que des mesures soient prises pour ceux qui ont été exposés. C'est là un problème dramatique car bon nombre de salariés près de la retraite pensent avoir été exposés et voudraient que des mesures soient prises avant de cesser leur activité. La seule réponse de la direction a été de proposer que le médecin interroge chaque salarié individuellement pour savoir s'il a été exposé, alors qu'elle sait pertinemment que la plupart n'ont pas les moyens de le savoir. Pire même, elle s'est permis, récemment, de contester un rapport médical reconnaissant qu'un salarié était touché, en disant que c'était parce qu'il fumait.
Autre pratique de la direction de Solvay : son habitude d'obliger le personnel en accident de travail à venir à l'usine pour éviter de déclarer les jours d'arrêt. C'est devenu une spécialité de la maison et la direction fait chercher le salarié accidenté en taxi pour l'amener à l'usine. On l'a même vue demander aux gardes d'apporter des plateaux repas à ceux qui ne pouvaient même pas se servir de leur bras.
Voilà comment se comporte la direction d'une des usines parmi les plus dangereuses du pays : nier les risques à longueur de temps, refuser de donner les informations nécessaires au personnel qui, lui, risque sa vie tous les jours et forcer des salariés accidentés à venir à l'usine avec un bras ou une jambe dans le plâtre, tout ça pour économiser trois sous. N'est-ce pas là une politique criminelle ?