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- Lutte ouvrière n°2056
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Dans les entreprises
Jabil - Brest : Les travailleurs obtiennent 70 000 euros pour chaque licencié.
Depuis plusieurs mois les salariés de Jabil-Brest sont en lutte pour obtenir les meilleures conditions de départ pour ceux d'entre eux qui sont menacés de licenciement. C'est 225 d'entre eux sur un effectif en CDI de 514 que la direction de l'entreprise entend jeter à la rue d'ici février.
L'usine Jabil de Brest produit des centraux téléphoniques pour le compte d'Alcatel. Jusqu'en 2002, elle appartenait à cet équipementier en télécommunication.
Depuis la cession de 2002, les effectifs ont été systématiquement réduits et pour livrer dans les délais les commandes d'Alcatel, Jabil a préféré le recours à des intérimaires, parfois jusqu'à près d'une centaine, plutôt que de maintenir les emplois. Dans l'entreprise, c'est la crainte permanente de la fermeture. Chacun sait que les centraux produits à Brest n'ont pas d'avenir et que le groupe Jabil se contente de tirer le meilleur profit des commandes d'Alcatel tant qu'elles durent, tout en se prétendant étouffé par les conditions de prix négociées. La concurrence des pays de l'Est ou de la Chine est constamment évoquée pour peser sur les salariés.
Dernièrement Alcatel a choisi de recourir à une entreprise, Solectron, qui vient d'ouvrir en Chine pour assurer sa production. C'est la raison invoquée par Jabil pour licencier 225 travailleurs. Les 300 travailleurs maintenus sur le site de Brest ne seraient plus chargés, dit-on, que de finir l'assemblage et de tester les produits.
Alors, face aux menaces qui pèsent sur leur avenir, les salariés ont protesté. Depuis l'annonce du dernier plan de licenciements, au retour des congés, ils ont saisi toutes les occasions de se faire entendre. Ils sont allés rencontrer leurs anciens collègues qui travaillent toujours chez Alcatel, à 100 mètres de l'usine Jabil. Ils ont fait connaître leur situation aux autres salariés de l'agglomération à l'occasion de la foire Saint-Michel et en installant des piquets contrôlant l'accès à l'Arsenal et à la zone portuaire de Brest. Par deux fois, ils ont reçu le soutien de salariés de toute la région, à travers des manifestations regroupant plusieurs milliers de personnes le samedi à Brest, à l'appel de l'ensemble des syndicats et d'un comité qui s'est constitué en vue de les soutenir.
Lorsqu'ils ont entrepris de bloquer les livraisons, Alcatel a riposté en suspendant ses commandes. Alors à chaque réunion du comité d'entreprise dans le cadre de la procédure de licenciements, ils ont fait grève sur le tas, rassemblés autour de feux aux abords de l'usine, interpellant la direction, transformant la pelouse extérieure en un cimetière de centaines de mannequins représentant les personnes menacées de licenciement.
Après avoir tenté de jouer l'intimidation, la direction a fini par prendre la mesure de leur détermination. Entre les commandes suspendues d'Alcatel et l'image déplorable donnée aux visiteurs avec lesquels elle négocie pour tâcher d'obtenir des contrats, elle a finalement lâché 70 000 euros pour chaque licencié. Ce n'est assurément pas ce qui va la mettre sur la paille. Lors d'une assemblée générale, 80 % du personnel a accepté de suspendre la lutte, d'autant plus que cette somme vaut non seulement pour les 225 de la vague actuelle mais aussi pour les licenciements futurs que tout le monde redoute.