Hôpital public : Les urgentistes en grève.27/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2056.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital public : Les urgentistes en grève.

Les médecins urgentistes ont piqué un coup de colère. Ils sont en grève depuis le soir de Noël. Astreints à la réquisition, leur grève est " symbolique " et ils continuent à soigner ceux qui arrivent aux Urgences, mais les raisons de la colère des personnels hospitaliers sont bien réelles.

Les Urgences sont au bord de l'asphyxie. Elles relèvent de l'épreuve, tant pour les malades, contraints d'attendre de longues heures, que pour le personnel soignant trop peu nombreux et pour qui l'urgence commence souvent, avant de pouvoir examiner un patient, par tenter de trouver une place dans des couloirs surchargés de brancards.

À l'hôpital, dans tous les services, la pénurie de personnel est telle que les heures supplémentaires et les journées de RTT s'accumulent : le stock s'élève ainsi à 23 millions d'heures supplémentaires non payées et à 3,5 millions de journées de RTT amassées dans des " comptes épargne-temps " ! C'est une des raisons de la grève.

Roseline Bachelot, la ministre de la Santé, a ses solutions. " J'ai l'argent ", a-t-elle déclaré, affirmant que les hôpitaux auraient une provision de 324 millions d'euros pour payer ces arriérés. Mais elle n'est pas allée jusqu'à préciser d'où pourrait surgir une telle cagnotte alors que le budget des hôpitaux est à sec et ne permet même pas de faire tourner normalement la machine. Elle a aussi ajouté : " Le paiement n'est pas la seule solution. On peut aussi imaginer, par exemple, que les RTT non prises permettent de partir plus tôt en retraite. " Si les " imaginations " de la ministre étaient des propos sérieux, on risquerait de voir les personnels hospitaliers partir en retraite bien avant 50 ans et les hôpitaux se dépeupler de leur personnel.

L'organisation des soins, plus particulièrement de la " permanence des soins ", avec la possibilité de recourir à un médecin y compris la nuit et les jours fériés, est une autre raison de la grève.

Depuis 2003, les médecins généralistes n'ont plus l'obligation d'assurer les gardes de nuit des week-ends. Elles relèvent du volontariat. Si bien que, dans la plupart des centres urbains, il est impossible de trouver un médecin après 20 heures en dehors de ceux des Urgences. Aussi, quand le 19 décembre, le gouvernement a décidé d'octroyer 150 euros de prime aux généralistes qui accepteraient d'assurer des gardes pendant les ponts de Noël et du jour de l'an, mais sans rien proposer de plus aux urgentistes hospitaliers, la colère de ces derniers a monté d'un cran.

C'est d'autant plus justifié qu'on ne voit pas pourquoi les défenseurs à tout crin de la médecine " libérale " auraient besoin que l'État les paie pour remplir leurs obligations morales.

Quant à la politique des gouvernements successifs, qui ont rogné le budget de l'hôpital en même temps qu'ils ont amputé les possibilités d'accès aux soins pour tous, elle est tout simplement criminelle.

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