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- Lutte ouvrière n°2054
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Leur société
Surfacturation de l'eau : Le racket contre les consommateurs
L'enquête faite par la revue Que Choisir à propos des surprofits engrangés par les compagnies privées de distribution de l'eau a suscité des protestations indignées des industriels du secteur, mais aussi du gouvernement qui, le 20 novembre, a volé au secours des pauvres milliardaires de Veolia, Suez-Lyonnaise des eaux et Saur, les trois compagnies qui contrôlent plus de 60 % de la distribution de l'eau dans le pays.
Que Choisir, dans son enquête, aboutissait à la conclusion que ces opérateurs s'attribuaient des marges de 50 %. La moitié de ce qui est payé sur chaque facture par les consommateurs, tous frais déduits, irait donc dans la poche des actionnaires de ces trois compagnies. De plus, Que Choisir constatait que les comptes de ces entreprises étaient totalement opaques et rendaient tout contrôle véritable impossible. Pourtant ces sociétés, quand elles traitent et distribuent l'eau, ne le font que par délégation des collectivités locales qui leur confient ainsi une mission de service public.
En revanche certaines collectivités assurent elles-mêmes la distribution de l'eau, en régie publique, en décidant de la reprendre parfois au privé, ce dont les habitants bénéficient. Les chiffres publiés à l'échelle nationale font apparaître que Veolia, la Lyonnaise et la Saur, qui se partagent le marché privé de la distribution de l'eau, facturent cette eau 40 % plus cher que les régies publiques, ces dernières assurant 30 % de cette distribution.
Le syndicat qui regroupe Veolia, Lyonnaise des eaux et Saur, a déclaré que leur marge n'était " que " de 7 % du montant total des factures et qu'il suffisait pour le vérifier de se rapporter aux documents que ces compagnies consentent à donner aux collectivités leur ayant confié ces marchés. Mais, comme l'a fait remarquer Que Choisir, les documents transmis sont muets sur l'essentiel. C'est justement en partant des comptabilités réelles et complètes, que certaines collectivités avaient accepté de lui transmettre, que la revue avait pu reconstituer la surfacturation massive pratiquée par ces sociétés et les bénéfices fantastiques faits par ces dernières sur le dos des consommateurs.
Le gouvernement, par la voix du ministère de l'Écologie, s'est donc senti obligé de venir au secours des trusts de l'eau en déclarant que " l'absence de données homogènes accroît le risque d'interprétations divergentes " et en ajoutant : " Le prix de l'eau ne peut être uniforme. " La seule chose qui est uniforme, c'est l'augmentation des bénéfices des protégés du gouvernement : ainsi Suez-Lyonnaise des eaux comme Veolia ont annoncé pour 2007 une nouvelle augmentation de leurs bénéfices, pourtant déjà très conséquents, de 11 %.