À chaque étape de son tour de France, la garde des sceaux Rachida Dati annonce ses mauvais coups contre la justice de proximité. Elle y est accueillie par les protestations des personnels de justice, avocats, greffiers, juges et personnels des tribunaux qui manifestent, avant la journée de grève et de mobilisation contre la réforme de la carte judiciaire prévue le 29 novembre.

Mais la ministre du massacre de la Justice a reçu un soutien de poids, celui d'Elizabeth Guigou, ancienne ministre des gouvernements socialistes Rocard, Cresson, Bérégovoy et Jospin, et notamment ex-ministre de la Justice : " Rachida Dati, a-t-elle dit, a le courage de s'attaquer à une réforme de la carte judiciaire. Ce n'est pas facile... ". Même si Guigou désapprouve la méthode, elle se vante ainsi de son bilan : " Lorsque j'étais Garde des Sceaux, j'ai supprimé, sans remous, 36 tribunaux commerciaux... "

Ainsi face à une réforme qui prévoit la suppression de 178 tribunaux d'instance sur 476, de 23 tribunaux de grande instance sur 181, de 55 tribunaux de commerce sur 160, de 63 conseils de prud'hommes sur 271, la députée socialiste laisse entendre que lorsqu'elle faisait comme Rachida Dati, cela se faisait sans remous.

Les personnels de justice victimes du zèle ravageur de la ministre de Sarkozy ont raison de se mobiliser " pour s'opposer au démantèlement des services publics " comme l'expriment leurs représentants. Les tribunaux d'instance, par exemple, sont ceux qui traitent des problèmes de surendettement, des difficultés de paiement des loyers, des pensions alimentaires. Les milieux populaires, qui auront donc encore moins les moyens de faire entendre leurs droits en justice s'ils doivent se rendre à des dizaines de kilomètres de leur lieu d'habitation, apprécieront les déclarations de Dati... et de Guigou.