À l'usine de Peugeot Sochaux, un médecin du travail du Montage a déposé un droit d'alerte au cahier du CHSCT (Comité d'hygiène et sécurité - conditions de travail) et c'est une première. Ce droit d'alerte était motivé par le non-respect des restrictions médicales qu'elle avait préconisées pour un ouvrier, parce qu'un autre ouvrier lui a parlé de suicide et pour des cas de harcèlement. La direction s'est contentée de lui répondre, avec mépris, qu'elle n'était pas habilitée à poser des questions au registre des dangers graves et imminents.

À Sochaux, l'intensification des charges de travail au Montage, au fil des années, se traduit par une augmentation des maladies professionnelles déclarées et un mal-être au travail grandissant pour de plus en plus d'ouvriers. Ces derniers temps, il n'est pas rare que des ouvriers disent au médecin du travail qu'ils sont fatigués ou qu'ils n'en peuvent plus. Mais les médecins du travail sont de plus en plus dans l'impossibilité de préconiser des postes pour préserver la santé des ouvriers qui se dégrade à grande vitesse. La recherche de profit a fait passer à la trappe le peu de postes dits " aménagés " qui existaient. De plus, cette année, des ouvriers sont encore en chaîne à 58 ans, alors que depuis vingt-cinq ans, ils partaient par le biais de différentes mesures d'âge (FNE, ARPE, CASA) à 55, 56 ou 57 ans.

Cette contestation d'un des neuf médecins de l'usine ne s'est pas arrêtée là et c'est l'enquête prévue par PSA, soi-disant pour détecter les facteurs de stress au travail dans ses usines de Mulhouse, Velizy et Sochaux qui, à son tour a été vertement fustigée. Ce médecin a expliqué, d'un point de vue médical, comment une telle enquête devrait être menée pour être un tant soit peu sérieuse, tout en dénonçant la remise en cause de l'indépendance des médecins du travail orchestrée par PSA.

Dans les ateliers, les ouvriers ne sont pas dupes. L'enquête du patron ne remettra pas en cause sa politique et parmi ceux qui ont été " tirés au sort " pour répondre à 100 questions en 30 minutes, des ouvriers ont déjà dit à leur chef d'équipe qu'ils refusaient d'y répondre.