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La compagnie aérienne Cityjet veut "délocaliser" ses salariés
Début novembre, la direction de la compagnie aérienne Cityjet a envoyé un courrier à ses salariés pour leur demander de se domicilier administrativement en Irlande ou en Grande-Bretagne. Ils n'ont eu que six jours pour donner leur réponse et le nouveau contrat de travail qui leur est proposé doit débuter le 14 janvier 2008.
Cityjet est une compagnie à bas coût, filiale à 100 % d'Air France. Mais comme elle est basée à Dublin, elle emploie son personnel sous contrat de travail irlandais, plus favorable aux employeurs, et elle ne paie pas les cotisations sociales en France, notamment à la Caisse de retraite des personnels navigants qui lui réclame les arriérés. Pour mettre fin à ces pratiques, un décret du gouvernement de novembre 2006 exige que les salariés des compagnies aériennes domiciliés en France dépendent de la législation française. Pour contourner cette disposition qui la dérange, Cityjet se retourne donc contre ses salariés, qui n'ont guère de choix : soit ils déménagent pour habiter en Irlande ou en Grande-Bretagne, soit ils dorment au moins vingt jours par mois à l'hôtel dans un de ces pays afin d'y être domiciliés ; et s'ils refusent ces propositions, c'est la porte.
Pour faire passer la pilule, la compagnie offre à ses salariés qui choisiront de déménager une prime annuelle allant de 12 à 15 000 euros brut, selon leur qualification. Mais cela ne peut pas compenser le fait que cet arrangement patronal se fait à leur détriment : " Certains ont une famille, un logement, des crédits à rembourser et on leur demande de tout larguer du jour au lendemain ", déclarait l'un d'eux.
Certes, les salariés de Cityjet semblent mieux payés que ceux d'Air France, mais ils doivent cotiser eux-mêmes à une caisse de retraite et ils n'ont droit qu'à sept jours d'arrêt maladie indemnisés par an, ce qui les oblige à travailler lorsqu'ils sont malades, au risque de contaminer les passagers. Ils peuvent travailler jusqu'à 55 heures par semaine, avec des changements d'horaire de dernière minute, et n'ont droit à des plateaux-repas que lorsque le vol est incomplet. Les syndicats ne sont pas reconnus.
L'ensemble du personnel demande que Cityjet, c'est-à-dire Air France, respecte la législation en vigueur en France. Et Air France en a plus que largement les moyens quand, ces jours-ci encore, la compagnie vient de transmettre à la presse son énième communiqué de résultats financiers dans lequel elle annonce, pour le dernier trimestre, une hausse de 97 % de son bénéfice net !