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- Lutte ouvrière n°2052
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Leur société
Deux travailleurs sociaux en garde à vue : La loi des nantis
Lundi 19 novembre, au petit matin, la police a arrêté à leur domicile deux salariées parisiennes de l'association France Terre d'Asile. Elles ont été fouillées au corps, leur domicile a été perquisitionné, puis elles ont été transférées, menottes aux mains, au Parquet de Boulogne-sur-Mer. Là, le procureur de la République leur a indiqué qu'elles étaient soupçonnées de " complicité d'aide au séjour irrégulier en bande organisée ". Elles ont été relâchées, l'une au bout de douze heures de garde à vue, l'autre après 24 heures, à 300 kilomètres de chez elles et sans qu'on leur fournisse un moyen d'y retourner.
Ces deux membres de France Terre d'Asile s'occupent des mineurs originaires d'Afghanistan, d'Iran et d'Irak, seuls dans Paris, sans toit ni ressources ni papiers et qui vivent donc dans l'illégalité et la misère. Dans le cadre de leur travail, elles ont donné leur numéro de téléphone à des adolescents en danger, lesquels ont été arrêtés par la police à Calais, alors qu'ils tentaient de gagner l'Angleterre. C'est la découverte de ces numéros de téléphone dans les poches des jeunes qui a motivé l'arrestation des deux jeunes femmes.
Ainsi, aider un mineur abandonné dont le seul tort est d'essayer de vivre est considéré par la loi et ceux qui la font appliquer comme un délit, même si cela est fait au nom d'une organisation reconnue et dans un cadre officiel.
Le procureur, pour toute explication de son geste et sans préjuger d'éventuelles poursuites, a parlé d'une " générosité déplacée ". Lui défend manifestement un ordre social où la loi est au service de ceux qui ont un coffre-fort à la place du coeur.