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- Lutte ouvrière n°2051
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Ukraine - Catastrophe minière : Insécurité criminelle
Quatre-vingt-huit morts et douze disparus : c'est le bilan provisoire de la catastrophe dans la mine de charbon Zasiadko, à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Un très violent coup de grisou s'est produit dans la nuit du 18 novembre alors que 457 mineurs se trouvaient au fond.
C'est le quatrième accident, et le plus meurtrier, que connaît cette exploitation. Les coups de grisou ont coûté la vie à 50 mineurs en 1999, à 55 autres en 2001 ; 20 autres ont été tués en 2002 lors de travaux à l'explosif et 13 ont péri asphyxiés en 2006.
Zasiadko est une des plus grandes mines du pays : dix mille personnes y travaillent et on en extrait chaque jour 8 000 à 10 000 tonnes de charbon dans des conditions extrêmement dangereuses. Il faut y descendre à une grande profondeur, où la concentration de méthane, gaz à l'origine des coups de grisou, est très importante. Ce gaz est d'ailleurs récupéré par des forages et réutilisé par l'industrie. Cette situation devrait imposer des systèmes de sécurité particulièrement efficaces. Or, c'est tout le contraire.
Anatoliy Akimochkin, un des dirigeants du syndicat indépendant des mineurs d'Ukraine, faisait début 2006 un tableau impressionnant de la vétusté et du manque de sécurité dans les mines ukrainiennes. Depuis 1978, l'URSS avait délaissé ces mines, trop difficiles, pour celles d'autres régions où le charbon est plus accessible. Après l'indépendance de l'Ukraine, on a continué à exploiter ces puits sans les remettre en état ; l'argent prévu pour ce secteur a été détourné : d'après Akimochkin, personne ne sait où est passée exactement la somme prévue pour les restructurations :1,6 milliard d'euros.
Le secteur où s'est produit le coup de grisou avait été fermé en 1983 et rouvert l'an passé car il faut produire à tout prix. Les conditions de travail sont extrêmement dures : les mineurs, payés à la tâche, risquent leur vie en permanence : pour chaque million de tonnes, selon ce syndicaliste, la moyenne est de quatre morts, sans compter les décès dus aux maladies professionnelles. Mais si les mineurs de fond gagnent 250 euros par mois, d'autres s'enrichissent à leurs dépens, comme Rinat Akhmetov, homme d'affaires et député, qui a construit sa fortune sur la métallurgie et le charbon.
Cette fois, celui-ci vient de promettre 1,3 million d'euros pour aider les familles des victimes, bien que cette mine ne lui appartienne pas. Une misère pour cet oligarque qui a vu sa fortune, évaluée à 7 milliards de dollars en 2006, passer à 18,7 milliards en 2007 !