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RATP : La grève est toujours là
Au lendemain du 14 novembre et de la reprise de la grève à la RATP, tous les médias prévoyaient un essoufflement rapide du mouvement. Bien des journaux d'information titraient jour après jour : " La grève d'aujourd'hui est prévue comme devant être moins forte. " Mais ni les métros, ni les bus, ni les RER (RATP) ne circulaient mieux pour autant. Si bien que le lundi 19 novembre, la reprise tant espérée par la direction et le gouvernement n'était pas au rendez-vous et la grève toujours présente à l'appel de la CGT, SUD, FO et UNSA (Bus).
La ligne B du RER (RATP) était complètement fermée, ainsi que plusieurs autres lignes de métro. Sur le RER A (RATP), quelques trains circulaient de-ci de-là, mettant un peu de baume au coeur de la direction qui espérait un effet d'entraînement. Au bus, le chiffre des grévistes restait toujours élevé, plus de 60 % en moyenne, avec des grévistes souvent très déterminés. Il en était de même dans les assemblées des grévistes et sur les piquets de grève, où le nombre moyen des participants se maintenait sans faiblir.
Dès le vendredi 17 novembre, la grève s'étant installée, la perspective d'une manifestation commune le mardi 20 avec les grévistes de la SNCF et ceux de la Fonction publique apparaissait aux plus militants comme un nouvel objectif qui pouvait renforcer le front des travailleurs mécontents face à la politique du gouvernement. Le fait que d'autres se mettent en mouvement, ne serait-ce qu'une journée, était perçu comme un encouragement.
Les syndicats avaient tellement insisté au tout début de la mobilisation sur la nécessité de ne pas se couper d'autres secteurs salariés, de créer un rapport de force impliquant les travailleurs d'autres professions (sans l'organiser d'ailleurs), que cette journée maintenait pour le moins le niveau de la mobilisation. Certes, de nombreux agents n'étaient pas dupes de la politique des directions syndicales et savaient fort bien qu'ils devaient la jonction avec la Fonction publique au fait d'avoir maintenu la grève six jours durant, alors qu'il aurait été plus simple de faire d'emblée coïncider la reprise de la grève dans les transports avec l'appel à la mobilisation dans d'autres secteurs. Mais cela, les directions syndicales ne l'ont pas voulu.
L'autre sujet de préoccupation a été le choix des syndicats d'accepter que des négociations s'ouvrent entreprise par entreprise à la RATP et à la SNCF. Pour l'heure, seul SUD-RATP a décidé de ne pas se joindre à ces discussions. Cet éclatement des négociations n'a pas été apprécié. Mais maintenant, la question se pose en ces termes : discuter peut-être, mais discuter de quoi ? Et là, la crainte se fait jour de voir les syndicats abandonner les revendications essentielles qui sont à l'origine de la grève : non aux quarante ans de cotisations ; non aux décotes ; maintien de l'indexation des pensions sur l'évolution des salaires ; maintien de la bonification donnant droit à un an de pension supplémentaire chaque cinq ans travaillés. La crainte de voir les directions syndicales engager les négociations sur des aspects secondaires de la réforme rend bon nombre d'agents méfiants, et cette méfiance s'exprime au sein même des assemblées de grévistes.
Cette situation, qui témoigne d'une volonté de maintenir la pression gréviste, rend les choses plus difficiles aux syndicats qui voudraient arrêter la grève. Mais cela, c'est leur problème, pas celui des agents qui veulent tout faire pour que le retrait du projet gouvernemental sur la réforme des retraites devienne réalité.