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Dans le monde
Bangladesh : Catastrophe naturelle et catastrophe sociale
Le cyclone Sidr qui a traversé le Bangladesh jeudi 15 novembre a fait des milliers de morts et des millions de sans-abri. Ces derniers, souvent coupés du monde, soit qu'ils soient encerclés par les flots, soit qu'aucune route ne soit plus praticable, n'ont plus ni vivres ni eau potable. Aussitôt la catastrophe connue, les organismes internationaux et les grandes puissances ont envoyé, en sus de leurs condoléances, des " aides humanitaires ".
La charité, voilà ce que ceux qui possèdent tout proposent à ceux qui n'ont plus rien. Le reste du temps, lorsque les pays impérialistes s'intéressent au Bangladesh, c'est pour profiter des salaires de misère des ouvriers du textile (80 % des exportations du pays) et des producteurs de jute, pour exiger que le système bancaire soit privatisé, pour soutenir un régime d'état d'urgence apte à réprimer les grèves, pour vendre des armes aux militaires. Pour " sortir le pays de la pauvreté " (40 % des 144 millions d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour) les puissants de ce monde disent compter sur les ONG et le " micro-crédit ", c'est-à-dire sur une charité chichement accordée. Pour prévenir les conséquences des catastrophes naturelles, ils ne proposent rien et espèrent sans doute en la clémence divine.
Pourtant des cyclones dévastent régulièrement le Bangladesh dont, de plus, un tiers du territoire est situé en zone inondable. En 1970 il y eut 500 000 victimes et 138 000 en 1991. Mais la population continue à vivre dans des cabanes emportées au premier coup de vent, inhabitables à la moindre montée des eaux, à être soumise à des aléas climatiques que l'on peut pourtant prévoir et dont on peut se protéger. À condition d'y mettre les moyens !
Les pays développés menacés d'inondations, de raz de marée, de tremblements de terre etc., ont mis au point des méthodes pour éviter, autant que faire se peut, que ces aléas ne se transforment en catastrophes. Et puis, si la nature est trop hostile, une société humaine vraiment civilisée devrait être capable de permettre à ses membres d'aller vivre ailleurs, de leur en donner les moyens. Ce sont la faim et la pauvreté qui retiennent la population dans ces conditions de vie. Des maux qui n'ont rien de naturel mais que le capitalisme est incapable d'éradiquer.