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Dans les entreprises
Amiante chez Sanofi : Un bilan terrible qui s'alourdit chaque année.
En 2007 deux retraités, anciens salariés de l'usine de Vitry, sont décédés à la suite d'une asbestose consécutive à l'exposition à l'amiante.
L'un d'entre eux travaillait comme ouvrier posté à la chaufferie, qui était littéralement bourrée d'amiante. Ainsi, du fait de l'amiante quinze personnes sont mortes sur le site (usine et centre de recherche) et plus de 40 autres sont atteintes de fibrose pulmonaire ou de plaques pleurales. Et encore n'est-ce là qu'un bilan partiel établi par des syndicalistes de l'usine ; un certain nombre de salariés quittant la région parisienne en partant à la retraite, on ne sait donc pas comment leur maladie a évolué, ni même le nombre d'ex-salariés atteints.
L'attitude de la direction consiste à minimiser par tous les moyens les conséquences humaines de sa politique désastreuse vis-à-vis de l'amiante. Ses statistiques remontent seulement à la fin des années 1990, alors que dès les années 1970 les services médicaux de l'usine et du centre de recherche enregistraient les premiers cas de décès dus à l'amiante. Elle évite aussi de contacter les retraités ayant été exposés à l'amiante et bénéficiant pourtant de ce fait du " suivi amiante " (examens gratuits par la Sécurité sociale).
Quant aux maladies elles-mêmes, voilà ce que l'un des responsables médicaux du groupe, membre du comité de travail sur l'amiante et les produits CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques), ose faire comme commentaire à propos des atteintes pleurales (fibrose pleurale ou plaque pleurale) : " Ce sont des marqueurs d'exposition à l'amiante, en général sans conséquences, qui entraînent parfois des douleurs, voire une légère diminution de la capacité respiratoire. " On voit que ce ne sont pas ces gens-là qui sont atteints, pour en parler aussi légèrement, alors que ceux dont la maladie évolue gravement sont contraints à vivre reliés en permanence à une bouteille d'oxygène.
Il est vrai que la campagne de minimisation des maladies dues à l'amiante est orchestrée de très haut. Le Medef fait pression pour que les plaques pleurales, justement, ne soient même plus indemnisées par le Fiva (Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante). Certains tribunaux revoient à la baisse les indemnités que les employeurs sont condamnés à verser. Et que dire des médecins du travail (comme récemment celui de Condé-sur-Noirault) ou même tout simplement des généralistes ou pneumologues qui déclarent aux victimes (comme c'est arrivé récemment à un ouvrier de fabrication de l'usine) : " C'est une plaque pleurale, je ne pense pas que ce soit utile de faire la déclaration en maladie professionnelle. "
Voilà, au-delà des grandes déclarations des pouvoirs publics, la réalité à laquelle sont confrontées les victimes de l'amiante.