Vendredi 9 novembre, le PDG de EADS, Louis Gallois, a écrit au personnel pour l`informer qu'à la suite du retard d'au moins six mois de l'A400M et en raison de la baisse continue du dollar par rapport à l'euro, " le plan Power 8 est plus important que jamais, mais il nous conduira à travailler à des mesures additionnelles ".

En clair, le plan d'économies baptisé Power 8, prévoyant 10 000 suppressions d'emplois et des cessions de sites, serait insuffisant : un plan " Power 8 plus " est donc en préparation.

Quelques jours après, le 11 novembre, lors du Salon aéronautique de Dubaï, Tom Enders le PDG d'Airbus déclarait : " C'est une autre journée formidable ". La compagnie Emirates annonçait en effet l'achat de 81 Airbus supplémentaires (soixante-dix A350 et onze A380). D'autres compagnies s'engageaient aussi pour des A320 et des A350. 2007 serait donc une année record, avec 1 122 commandes à ce jour.

Pendant les suppressions d'emplois et les ventes de sites, le champagne coule donc à flot dans les conseils d'administration. Lundi 12 novembre, l'action EADS clôturait même en hausse de 2,78 %.

La commande d'Emirates représente à elle seule plus de 20 milliards de dollars. Il y a pour au moins huit ans de travail, et il faudrait encore que les salariés fassent des sacrifices ! Dans les ateliers, dans les bureaux, c'est l'incompréhension : " Mais comment on va les faire, ces avions, si on est de moins en moins nombreux ? " C'est aussi le dégoût, car tout cela vient après les soupçons de délit d'initié qui éclaboussent les actionnaires Lagardère et Daimler. Personne n'a oublié qu'ils ont touché deux milliards chacun et que 1 200 hauts cadres se sont gavés en touchant leurs stock-options à la même époque, pour un gain de 90 millions d'euros.

Quant au livre de photos consacrées à l'A380 que la direction distribue ces jours-ci à chacun des travailleurs, une seule conclusion s'impose : " Pour les patrons le pognon, pour les salariés la photo du pognon ".