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- Lutte ouvrière n°2048
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Dans les entreprises
Rhodia - Saint-Fons (69) : Les salariés demandent des comptes.
En temps normal, les réunions du Comité central d'entreprise de Rhodia se déroulent à Paris ou dans des sièges régionaux, loin du bruit et des odeurs des ateliers. Cette fois le CCE a eu lieu à Saint-Fons, le 24 octobre.
L'occasion était trop belle, les travailleurs avaient à leur portée ceux-là mêmes qui jouent avec leur avenir comme on joue au Monopoly et qui décident de supprimer les emplois, de fermer des sites et des ateliers ou de les vendre.
Soixante-dix travailleurs de Rhodia Chimie, Belle-Étoile et du Centre de recherche, tous situés à Saint-Fons, sont venus en délégation demander des comptes sur l'avenir de leurs emplois. Car après les restructurations de ces dernières années et celles plus ou moins annoncées dans le groupe Rhodia, la colère des salariés s'exprime de plus en plus.
Ce n'était pas là la première expression de mécontentement. La plate-forme chimique de Péage-de-Roussillon, dans la vallée du Rhône, avait débrayé le 22 octobre contre les menaces de fermeture de l'atelier qui fabrique le paracétamol. Fermeture qui s'est hélas confirmée depuis : 47 travailleurs voient leur emploi supprimé.
Il y a quelques semaines, c'étaient les travailleurs de la plate-forme chimique de Pont-de-Claix qui faisaient grève pour l'avenir des emplois dans la chimie grenobloise.
À l'occasion de ce CCE, les travailleurs ont donc exprimé leur ras-le-bol et leur inquiétude. Ils ont dénoncé le fait que la direction n'investit pas dans les ateliers, et qu'elle préfère vendre et fermer toutes les productions qui ne lui semblent pas assez rentables. Tout cela, disent-ils, pour avoir de l'argent et rembourser une dette due aux spéculations passées.
Face à cette délégation venue demander des explications, ces messieurs n'avaient visiblement rien à redire sur les conséquences passées et futures de leurs stratégies et aucun compte à rendre, surtout aux travailleurs. Jurant que rien n'était annoncé et qu'il ne fallait pas se fier à la rumeur ou à ce qui était écrit dans la presse, leurs propos se voulaient rassurants. Y compris sur le paracétamol, dont la fermeture allait être annoncée en CE deux jours plus tard.
La comédie que le DRH France a jouée quand ces messieurs se sont fait traiter de menteurs par l'assemblée a eu du mal à convaincre... quand il lui a été rappelé son passé de responsable chez Moulinex à la fin des années 1990, avec plusieurs milliers de licenciements à son actif. Un passé dont il n'a pas à rougir, a-t-il osé affirmer... Triste personnage !
Tous ces propos n'ont rassuré aucun salarié présent. La délégation est ressortie déterminée à ne pas laisser faire, promettant à ces dirigeants qu'on se reverrait pour s'opposer à leur politique.