Les indices officiels sont, comme partout, sujets à caution, mais ils donnent un reflet du redressement de la société argentine. Le chômage aurait reculé de 21,7 à 8,5 % et le travail informel de 60 à 40 %. Quant à la pauvreté, qui avait atteint 57 %, elle serait aujourd'hui de 23 %. Il reste que 12 millions de personnes, le tiers de la population, vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté et que 4,3 millions sont des indigents.

Ce redressement découle d'une relance de la production depuis 2003, qui tourne à 8 ou 9 % par an. L'économie argentine bénéficie actuellement du boom sur le soja (95 % de sa production sont exportés), le maïs et le blé (en liaison avec le développement des biocombustibles), tout en restant grande exportatrice de viande. Les inégalités restent cependant très marquées : les 20 % les plus pauvres ne se partagent toujours que 4,6 % de la richesse nationale (contre 4,1 % dans les années quatre-vingt-dix).

Cristina Kirchner pourrait cependant être confrontée à un problème qui prend de l'ampleur, et qui avait causé la perte du Parti Radical à la fin des années quatre-vingt : l'inflation, qui atteint 20 % actuellement.

La hausse du coût de la vie rend les fruits et légumes peu accessibles aux classes populaires. La tomate ou la salade sont devenues plus chères que la viande. Officiellement, ces hausses sont niées mais, à quinze jours des élections, les pouvoirs publics avaient décrété une baisse des prix de 5 % sur quatre cents produits. Ils prétendent aussi conclure des " accords sur les prix " avec les commerçants, à leurs yeux préférables à une augmentation des salaires. Mais celle-ci serait d'autant plus légitime que les travailleurs n'ont reçu qu'une bien faible part du redressement économique de ces dernières années.