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Dans le monde
Pologne : Les jumeaux suivis par leurs semblables.
Les élections anticipées du 21 octobre en Pologne ont amené la victoire de Donald Tusk et de son parti PO (Plate-forme citoyenne) qui a recueilli 41,51 % des voix. Dans les milieux populaires particulièrement, le départ d'un des jumeaux Kaczynski, le Premier ministre sortant, en a certainement réjoui plus d'un. Car, même dans ce pays très catholique qu'est la Pologne, on supporte mal que les culs-bénis dictent leur loi dans tous les domaines.
Petite satisfaction aussi, les formations d'extrême droite, qui participaient au gouvernement, ont recueilli moins de 3 % des voix. Mais au-delà de cela, les changements pour la population seront bien maigres.
L'alliance au pouvoir du parti PiS (Droit et Justice) des frères Kaczynski avec la LPR (Ligue des familles polonaises) et Samoobrona (Autodéfense, du populiste et démagogue Lepper), tout en ne remettant pas en cause l'intégration dans l'Union européenne, avait contesté le nouveau Traité européen et ne dédaignait pas une certaine démagogie anti-européenne. Donald Tusk, lui, nouveau prétendant au poste de Premier ministre, était le candidat préféré des milieux d'affaires, en particulier pour son pro-européanisme. Ce n'est pourtant pas un opposant à la politique de ses prédécesseurs. Il ne s'était opposé à Jaroslaw Kaczynski que parce que leurs deux partis n'avaient pas réussi à s'entendre, après les dernières élections à la Diète en 2005, pour faire une coalition gouvernementale. PiS, le parti des jumeaux, avait eu 155 sièges, contre 133 au PO de Tusk, et PiS avait préféré l'alliance avec la droite extrême.
Lors de la campagne électorale, Tusk par exemple ne s'est guère démarqué des frères Kaczynski, tenant à dire qu'il ne reviendrait pas sur la législation réactionnaire anti-avortement en vigueur en Pologne. Ce politicien se proclame " libéral " bien sûr seulement sur le plan économique. Sur ce point, il s'est déclaré partisan de la baisse de la fiscalité... pour les riches, proposant l'abaissement de la tranche d'imposition à 30 %, qui s'applique actuellement aux revenus les plus élevés jusqu'au taux de 18 %, jusque-là réservé aux revenus les plus modestes.
Le choix politique offert dans ces élections n'en était donc pas vraiment un. Pour écarter la coalition de droite, beaucoup de travailleurs, électeurs traditionnels de la gauche, ont cependant voté Tusk. Il faut dire que, du côté des partis de gauche, les ex-dirigeants du POUP (le parti au pouvoir avant 1989) recyclés en sociaux-démocrates étaient alliés entre autres à l'Union du Travail et à l'Union de la Liberté, mouvements issus de Solidarité, le dernier cité étant il y a quelques années allié avec... Donald Tusk. Dans les jours précédant l'élection, le porte-parole de la gauche, Marek Borowski, se disait lui-même prêt à collaborer avec un gouvernement présidé par Tusk. Les électeurs l'ont entendu et ont voté " utile " : la LiD (Gauche et démocratie), la coalition de gauche, est ainsi descendue à 13 % (17 % en 2005).
Ce discrédit est aussi dû, bien sûr, aux mauvais souvenirs laissés par les sociaux-démocrates. Chaque fois qu'ils ont été au gouvernement, ils ont mené une politique anti-ouvrière, privatisant à tour de bras, offrant aux capitalistes internationaux les marchés et les entreprises du pays.
Tusk va donc maintenant pouvoir gouverner avec... le parti paysan PSL (9 % des voix) de Wlademar Pawlak, qui a été de nombreuses fois ministre avec des coalitions marquées à gauche ou à droite. Tout laisse prévoir qu'il mènera pour l'essentiel la même politique que ses prédécesseurs, voire pire. Heureusement, il n'est pas dit que les travailleurs n'en aient pas rapidement assez de ces conteurs du charme du capitalisme, avec ou sans eau bénite, et de les voir occuper le devant de la scène.