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Leur société
Commission sur la croissance : Attali à la rescousse
La Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali a présenté le 15 octobre ses premières propositions. Pour Attali, ancien conseiller de Mitterrand, nouveau conseiller de Sarkozy et un des symboles de sa politique d'ouverture, elles visent, rien que ça, « à renverser un certain nombre de Bastilles ». Pourtant, à lire ces propositions sur le logement et le commerce, les Bastilles sont encore debout pour longtemps.
La commission reprend à son compte toutes les revendications des grandes surfaces, et propose aussi l'abrogation des lois Royer (1973) et Raffarin (1996) qui contrôlent l'installation de nouvelles grandes surfaces, et la suppression de la loi Galland de 1996 qui encadre un peu les prix de la grande distribution et limite ses possibilités de mener une guerre des prix dont les petits commerces sont les victimes. Il n'est pas sûr que cette suppréssion entraîne la moindre baisse de prix dans les grandes surfaces. Mais ce qui est sûr c'est que l'ensemble de ces propositions lèseront non seulement les petits commerçants mais avec eux les personnes qui n'ont pas de voiture, ou qui ne peuvent plus conduire, c'est-à-dire en général des gens pauvres ou des retraités, pour qui le petit commerce offre un service que ne rendent pas les grandes surfaces.
Dans le domaine du logement, Attali annonce la construction de 500 000 logements par an jusqu'à 2010 puis de 350 000 par an jusqu'à 2020. C'est effectivement dans ce sens qu'il faudrait aller mais ces chiffres avancés par une commission sans pouvoir ont encore moins de valeur que ceux annoncés par un Borloo quand il était ministre du Logement. Comme d'ailleurs le chiffre de 200 à 400 000 emplois créés grâce à ces propositions.
Attali est par contre beaucoup plus crédible quand il s'adresse aux propriétaires pour qui il propose la suppression des droits de mutation en cas d'achat immobilier. Il veut aussi « sécuriser les expulsions » en raccourcissant les délais. La commission avait même « étudié » la suppression de la trêve hivernale pour les expulsions. Pour le moment, cette proposition n'a pas été retenue... mais jusqu'à quand ?
Attali propose enfin de retirer de la Constitution le « principe de précaution », présenté comme un frein à la croissance. Et entonnant le discours sarkozyste sur les privilégiés, il s'en prend à ce qu'il appelle les « professions protégées », mettant dans le même sac, chauffeurs de taxi, avocats ou pharmaciens, tous jugés responsables de prix élevés du fait de leur situation de monopole.
Sarkozy a trouvé les propositions d'Attali « stimulantes » et annoncé qu'elles « seront immédiatement mises à l'étude ». C'est à la mi-décembre que la commission présentera à Sarkozy les résultats définitifs de ses travaux. Mais faute de stimuler la croissance, elles auront au moins permis à Attali de se précipiter dans la brèche de l'ouverture.