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Leur société
Bouclier fiscal : Sarkozy arrose ses amis
Au moment même où le gouvernement annonce un budget de suppressions d'emplois dans les services publics, le ministère des Finances commence à rembourser des contribuables au titre du bouclier fiscal.
Institué en 2006, celui-ci permet aux grosses fortunes de ne pas payer en impôts, pour les revenus de cette année-là, plus de 60 % de leurs revenus annuels déclarés. Sont comptabilisés au titre de leurs impôts : celui sur le revenu, les taxes foncières et d'habitation, et bien sûr l'impôt sur la fortune. Sarkozy vient de faire voter l'abaissement de ce plafond à 50 % et d'inclure les contributions sociales CSG et CRDS dans le calcul.
En avril dernier, un syndicat CGT-Impôts parisien avait dénoncé le remboursement de 7,7 millions d'euros à une riche rentière, actionnaire des Galeries Lafayette. Le journal Libération vient de publier un document révélant qu'à fin août 2 400 contribuables ont perçu au total 121 millions d'euros de remboursement sur leurs impôts 2006 au titre du bouclier fiscal à 60 %, soit 50 000 euros en moyenne par foyer fiscal. Ce ne sont évidemment pas tous des habitants de l'île de Ré, dont on nous a tant parlé pour critiquer l'impôt sur la fortune. Par exemple, à Paris, 468 grosses fortunes ont été remboursées de 43 millions, soit 91 600 euros en moyenne ; en Limousin, ce sont 12 richards qui ont encaissé en moyenne 91 700 euros chacun.
Pour cette première année de mise en route du bouclier fiscal, de nombreuses grosses fortunes auraient, paraît-il, renoncé à réclamer ce remboursement, par crainte d'écoper d'un contrôle fiscal. Mais dès l'an prochain le gouvernement compte sur une augmentation du nombre de bénéficiaires de ces cadeaux fiscaux, puisqu'il a d'ores et déjà budgété 600 millions d'euros pour cela. Cela donne des idées même au Medef, qui n'hésite pas à réclamer " un bouclier fiscal pour les entreprises, l'entreprise étant aujourd'hui un contribuable surtaxé ". En effet, pourquoi se gêner avec un gouvernement si complaisant pour arroser les riches ?
"L'État opprime et la loi triche, l'impôt saigne le malheureux" proclament les paroles de l'Internationale, écrite en 1871. Depuis, rien n'a changé !