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Birmanie : Les investissements étrangers
La Birmanie, comme bien d'autres ex-colonies, a continué après son indépendance à être mise en coupe réglée par de grands groupes impérialistes. Ces derniers s'accommodent d'autant mieux de la dictature militaire qu'elle leur permet de piller sans vergogne les richesses naturelles du pays et de profiter d'une main-d'oeuvre bon marché. En fait, avec les rentrées liées au trafic d'héroïne, les devises versées par les groupes capitalistes assurent le soutien du régime en enrichissant les militaires au pouvoir et en finançant l'achat d'armes pour les forces de répression.
Plus encore que dans la période coloniale, ces groupes masquent leur appétit de pillage sous des paroles prétendument humanitaires. Ainsi, Thierry Desmaret, alors président du groupe Total, déclarait en 2001 qu'en investissant dans ce pays, " Total créera à terme des sources licites de revenus et un secteur économique sain. (...) Dans ce pays trop longtemps isolé, l'ouverture économique favorisera une évolution politique et sociale positive ".
On voit ce qu'il en est aujourd'hui, avec la misère qui pousse la population à la révolte et l'armée qui tire sur les manifestants !
Les principaux investissements sont concentrés sur deux secteurs : l'exploitation des richesses naturelles (gaz, pétrole, cuivre, or, pierres précieuses, teck...) et le tourisme. Un des plus gros investisseurs étrangers en Birmanie reste le groupe Total, bien qu'il se défende de faire de nouveaux investissements. En 1992, quatre ans après la répression qui a fait des dizaines de milliers de victimes, il a obtenu, en liaison avec le groupe pétrolier américain Unocal (intégré depuis à Chevron) un contrat d'exploitation du gisement de gaz de Yadana pour trente ans, soit la durée estimée pour l'épuiser.
La construction du gazoduc se fit alors sous le contrôle de l'armée, qui enrôla de force des travailleurs et déplaça près de trente mille habitants de cinquante villages.
L'association Burma Campaign, qui milite pour le retrait des entreprises étrangères présentes en Birmanie, publie une liste noire de 75 sociétés internationales qui y sont implantées, dont près de la moitié viennent de Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale. Les capitalistes japonais figurent aussi en bonne place, au travers des multiples activités du trust Mitsui ou, pour le pétrole, de Mitsubishi qui a fusionné avec Nippon Oil. De même, l'activité du canadien Ivanhoe Mines, qui exploite les mines de cuivre, rapporterait dans les 40 millions de dollars par an au régime. Comme Total, il a bénéficié en échange du travail forcé des Birmans pour la construction de voies ferrées ou de centrales énergétiques.
Ces dernières années, les investissements étrangers en Birmanie auraient baissé, en partie peut-être du fait des campagnes menées par des associations humanitaires. Le groupe pétrolier britannique Premier Oil s'est retiré de Birmanie, de même qu'Accor, Kookaï, Reebok et d'autres. Mais surtout, ces investissements sont devenus bien plus opaques, nombre de capitaux transitant désormais au travers de sociétés-écran basées à Singapour ou dans des paradis fiscaux...