La nécessaire riposte à Sarkozy19/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2042.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La nécessaire riposte à Sarkozy

La fête de L'Humanité, qui a eu lieu le week-end des 15 et 16 septembre, a été un succès. Elle reste le plus grand rassemblement populaire dans ce pays, et de loin. Cela fait le deuil des affirmations de ceux qui, sur la foi de l'effondrement électoral du Parti Communiste, l'ont définitivement enterré. Les résultats électoraux sont sans doute un reflet, mais un reflet déformé de la réalité politique et sociale. Le Parti Communiste ne se réduit pas à sa direction et à son appareil politique, ni à ses seuls élus.

Le déclin continu du Parti Communiste depuis un quart de siècle est dû fondamentalement à ses participations à des gouvernements dirigés par le Parti Socialiste qui, de Mitterrand à Jospin, ont servilement mené la politique du grand patronat et trahi les intérêts des classes populaires. Il ne signifie pas la disparition de tous ceux qui dans le monde du travail, dans les classes populaires, aspirent à une société plus juste.

Mais la question essentielle est : quelle politique la direction du Parti Communiste propose-t-elle à tous ceux-là et à l'ensemble du monde du travail ? Quelle perspective et quels objectifs ? Avoir les yeux fixés sur les prochaines élections présidentielle et législatives en 2012 ? Ne parler de luttes qu'en les subordonnant à la perspective d'une nouvelle variante de l'" Union de la Gauche " ou de la " Gauche plurielle " ?

Mais cette perspective-là laisse les classes populaires désarmées face au grand patronat, dont Sarkozy est l'exécutant, qui exige que les salaires et les retraites soient encore plus écrasés, la précarité généralisée, les licenciements collectifs facilités. De plus, même en 2012, cette perspective ne pourrait déboucher, au mieux, que sur le changement d'étiquette du président et du gouvernement. Mais quand cela s'est produit dans le passé, la politique menée est restée favorable au grand patronat et désastreuse pour les travailleurs.

Sarkozy mène la politique du grand patronat d'une manière plus ouverte, plus cynique encore que tous ses prédécesseurs. Mais son pouvoir n'en est pas plus fort pour autant. Le monde du travail a les moyens de le faire reculer.

Rappelons-le : rien qu'au cours des dernières années, ce n'est pas le changement de majorité, mais l'action collective qui a empêché des mauvais coups contre les travailleurs. Par deux fois, un gouvernement réactionnaire a dû reculer ; devant la grève des cheminots, Juppé en 1995 avait dû remballer son projet de s'en prendre aux retraites. Plus récemment, Villepin a été contraint par la rue de retirer son contrat première embauche, pourtant déjà voté par une majorité parlementaire réactionnaire. Il en a toujours été ainsi dans le passé, de Juin 36 à Mai 68. Il en sera toujours ainsi dans l'avenir.

À la fête de L'Humanité, les dirigeants du Parti Communiste qui ont pris la parole ont affirmé qu'elle devait être le lancement de la riposte à Sarkozy. Une réunion de différentes organisations était prévue le jour même où Sarkozy faisait son discours dit social. La pilule sera très amère pour le monde du travail parce que les réformes qu'il prépare, de la franchise médicale à la modification du régime des retraites, du changement du droit du travail aux suppressions d'emplois dans les services publics, sont autant d'attaques contre les travailleurs.

Le Parti Communiste parle de riposte. Si elle se limite à des mots ou à des déclarations même enflammées à l'Assemblée nationale, cela ne changera rien à rien. Mais si le Parti Communiste et ses alliés donnent aux travailleurs, qui en ont assez de voir leurs conditions d'existence se dégrader au fil des ans et des attaques patronales, les moyens de réagir par la lutte collective, par les grèves, par les manifestations, alors, le mot peut devenir une réalité, la seule qui puisse faire peur au grand patronat et faire reculer ses hommes de main à la présidence et au gouvernement.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 17 septembre

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