- Accueil
- Lutte ouvrière n°2042
- Enseignement : Des profs en plus, pas des heures sup !
Leur société
Enseignement : Des profs en plus, pas des heures sup !
Les élèves des collèges classés " zone d'éducation prioritaire " (ZEP), qui ont le plus de difficultés, devraient à partir de cette année pouvoir rester dans les locaux scolaires jusqu'à 18 heures, grâce à la mise en place d'études surveillées ou d'activités sportives et culturelles. Mais, la politique du gouvernement visant à supprimer des postes dans l'Éducation nationale (5 000 en 2007 et 11 200 à la rentrée 2008), c'est en heures supplémentaires que l'on propose aux enseignants d'encadrer ces " orphelins de 16 heures ", comme les appelle le ministre. C'est la traduction dans l'Éducation nationale du " travailler plus pour gagner plus " de Sarkozy.
Qui pourrait trouver à redire au fait que les élèves des quartiers populaires puissent rester quelques heures de plus à l'école ? Bien souvent leurs parents rentrent tard de leur travail et les enfants sont livrés à eux-mêmes. Les parents sont inquiets du risque qu'ils puissent rejoindre les bandes du quartier, et préfèrent les savoir au collège. Des études de 16 à 18 heures, encadrées par des enseignants, permettraient en outre aux élèves les plus en difficulté de recevoir le soutien scolaire que leurs familles ne sont bien souvent pas en mesure de leur apporter.
Tout cela serait donc fort bien, si des nouveaux postes d'enseignants étaient créés pour assurer ces nouveaux horaires. Mais ce qui est prévu, ce sont des heures supplémentaires, à une échelle qui est loin d'être négligeable. Ainsi, en Seine- Saint-Denis, où plus de la moitié des collégiens étudient en ZEP, les collèges concernés disposent d'un crédit d'heures pouvant aller jusqu'à 60 heures supplémentaires, l'équivalent de trois postes d'enseignants. Mais que cache cette " générosité " gouvernementale, ces mesures " d'accompagnement éducatif ", comme les a baptisées le ministère ?
Paradoxalement, des établissements qui se voient refuser l'ouverture d'une ou deux classes pour alléger les effectifs sont dotés pour les études surveillées d'un nombre d'heures supplémentaires sensiblement équivalent à ce qu'il aurait fallu pour leur donner satisfaction. Ceci parce que Sarkozy et Darcos veulent que les enseignants restent plus longtemps dans les établissements scolaires et prennent en charge davantage d'élèves, même si cela se traduira immanquablement par une moindre attention et par une disponibilité moins grande à l'égard de chacun de ces élèves. Ils misent sur l'attrait constitué par la possibilité d'augmenter un peu leurs revenus salariés, pour ceux qui accepteront ces heures supplémentaires, et aussi sur le fait que les heures, si elles ne trouvaient pas preneur, seront de toute façon perdues pour l'établissement, donc gâchées.
Ces calculs sont bien loin de correspondre à l'intérêt des élèves. Il serait nécessaire d'embaucher massivement dans l'Education nationale, pour assurer les cours dans les conditions les plus favorables à l'éducation d'élèves ayant le plus de difficultés. Tout le contraire des choix gouvernementaux.
Daniel MESCLA
Toulouse: une rentrée agitée
Mardi 11 septembre, 400 instituteurs et parents d'élèves de la Haute-Garonne se sont rassemblés devant la préfecture lors d'une journée de grève départementale. Ce jour-là se tenait le Conseil départemental de l'Éducation nationale, où se décident ouvertures et fermetures de classes.
Le département connaît une des pires situations. Le taux d'encadrement (nombre d'élèves par enseignants) est l'un des plus faibles du pays. De plus, la scolarisation des enfants de 2 à 4 ans est passée de 35 % à 15 % en moins de dix ans : 3 000 élèves ont ainsi " disparu " des effectifs. Quant aux congés maladie, ils sont de moins en moins remplacés, en raison d'un manque de maîtres remplaçants. Quant aux formations, même obligatoires (direction d'école), elles ne sont même plus assurées. Sans parler des réseaux d'aide aux élèves en difficulté, qui sont souvent incomplets...
À cela s'ajoutent d'autres " astuces " comptables qui permettent de supprimer encore plus de postes.
Pour obtenir une ouverture de classe, il faut qu'une école élémentaire dépasse une moyenne de 27 élèves par classe (32 en maternelle). Eh bien, dorénavant on globalise les effectifs dans les communes : la moyenne est calculée sur l'ensemble des écoles. Ainsi à Saint-Jean, commune limitrophe de Toulouse, alors que les effectifs dépassent les 27 sur une école, il n'y a pas d'ouverture de classe car la moyenne sur les trois écoles est de 26,5 élèves !
À Toulouse, on ne globalise pas mais, depuis deux ans, c'est la mairie qui inscrit les élèves, et elle s'arrange pour les inscrire de façon à remplir les classes tout en restant juste en dessous du seuil d'ouverture. Ainsi dans les ZEP, en quelques années, on est passé d'une moyenne d'une vingtaine d'élèves par classe à 25 aujourd'hui.
Face à cela, lors de cette rentrée, 22 postes d'instituteurs ont été créés pour... 1 200 élèves supplémentaires, soit un poste pour plus de 50 élèves !
À l'issue de cette journée de grève, quelques fermetures de classe ont été évitées et quelques ouvertures décidées. Mais le sentiment dominant des enseignants grévistes était qu'on ne pouvait en rester là.