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- Lutte ouvrière n°2042
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Continental - Clairoix (Oise) : Un passage aux 40 heures approuvé... par le patron
Mercredi 12 septembre, le directeur de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix, près de Compiègne, annonçait le passage aux 40 heures, au lieu de 35 au 1er janvier 2008, suite à la signature d'un accord avec la CFTC, syndicat majoritaire. La CGT, FO et la CFDT, de leur côté, ont refusé de signer.
Contrairement aux mensonges largement diffusés par la presse et la radio, la plus grande partie des ouvriers n'ont aucunement approuvé cette augmentation du temps de travail. Il a fallu au patron plus d'un an et demi de tentatives, de pressions pour y parvenir, les ouvriers opposant une certaine résistance à ses projets. En février-mars dernier, la direction de l'usine avait même organisé un référendum pour tenter d'obtenir une approbation. Mais malgré la mobilisation de tout l'encadrement, une courte majorité d'ouvriers s'était prononcée contre.
Dans cette usine le travail est très dur et les cadences déjà élevées, travailler ne serait-ce qu'un peu plus signifie se détériorer encore plus la santé. Les accidents sont nombreux, les arrêts- maladie pour des problèmes de tendinites, de douleurs au dos ou aux poignets, et ce malgré la pression de la direction pour faire revenir travailler coûte que coûte. Même les chefs subissent les conséquences de la pression qu'ils doivent exercer sur les ouvriers pour qu'ils aillent toujours plus vite. En janvier dernier, un chef d'équipe est décédé suite à un infarctus au travail et la Sécurité sociale vient de reconnaître qu'il s'agissait d'un accident du travail lié au stress.
Continental déclare que les travailleurs seraient gagnants. Les 650 travailleurs en 3x8 toucheraient en fait 92 euros de plus par mois pour 40 heures au lieu de 35. L'équipe de week-end, quant à elle, travaillerait soi-disant moins, mais les ouvriers devraient travailler durant les jours fériés, sans aucune compensation salariale. Le directeur a mis en avant également la promesse d'embaucher 130 intérimaires, sur les 260 qui travaillent actuellement à Clairoix, présentant le passage aux 40 heures comme une condition à ces embauches.
Brandissant la menace de la fermeture, le patron a répété ces derniers mois la nécessité " vitale " de rendre l'usine plus " rentable ". Mais vitale pour qui ? Celle-ci, d'après le patron, serait la plus " chère " du groupe, comme si elle ne rapportait rien aux actionnaires, alors que tout le monde sait que Continental fait des bénéfices !
Le président du directoire du groupe Continental M. Wennemer déclarait en juillet dernier : " Je n'ai pas vocation à fermer ce site, les points forts sont là, mais les coûts sont trop élevés. ". Cet accord devrait surtout permettre à Continental d'économiser 2,1 millions d'euros sur le " coût " du travail. Les actionnaires gagneront plus encore à coup sûr. C'est le genre d'accord qui est bon... pour le patron.