Retraites, franchises médicales : À force de provoquer, ils auront la réplique qu'ils méritent !14/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2041.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retraites, franchises médicales : À force de provoquer, ils auront la réplique qu'ils méritent !

" Tout est prêt " pour aligner les régimes spéciaux de retraite sur le régime général, vient d'affirmer le Premier ministre Fillon. La nouvelle attaque contre les salariés, les retraités de demain, est donc programmée.

Cette attaque ne vise pas seulement ceux qui sont directement concernés, ceux de la SNCF, de la RATP ou d'EDF-GDF. Le patronat exige que le gouvernement n'en reste pas à la durée de cotisation de 40 ans, au lieu de 37 ans et demi, déjà imposée pour le régime général, mais qu'il aille jusqu'à 42 ans. Par la bouche de sa présidente Parisot, le Medef vient de rappeler qu'il veut que l'âge légal de la retraite soit repoussé à 62 ans pour tous.

Ainsi donc, ceux des travailleurs qui ont commencé à travailler à 16 ou 18 ans ne pourront pas partir à la retraite même lorsqu'ils auront cotisé 40, voire 42 ans. Tous ceux qui ont un travail pénible, et il n'y a pas que ceux des chaînes de production ou du bâtiment, sont condamnés à mourir de fatigue et d'usure à peine l'âge de la retraite atteint, voire avant.

Le gouvernement a le culot de présenter l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général comme une mesure de justice.

Mais l'injustice véritable, cela a déjà été la décision du gouvernement Balladur, ami et prédécesseur de Sarkozy et Fillon, d'allonger la durée de cotisation de deux ans et demi pour le secteur privé et d'établir le calcul de la pension sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures. Décision que, notons-le en passant, le gouvernement socialiste de Jospin n'a pas annulée.

On nous ressort aussi le vieux mensonge selon lequel, le nombre de retraités étant en progression par rapport à celui des actifs, il serait inévitable d'allonger la durée de cotisation et de réduire les pensions. Il se trouve même des responsables syndicaux pour appuyer la propagande patronale. C'est ignorer volontairement que la productivité a augmenté au cours des décennies passées et qu'un actif produit deux ou trois fois plus qu'il y a trente ans. Cela devrait permettre d'assurer des pensions plus élevées pour plus de retraités.

Mais ce sont précisément ceux dont le travail permet l'accroissement de la productivité qui n'en bénéficient pas. Les bénéfices de la productivité sont monopolisés par la classe capitaliste. Pendant que les pensions de retraite diminuent, les profits augmentent. La classe capitaliste utilise la masse croissante de ces profits à des opérations spéculatives. Les craquements actuels du système boursier et financier témoignent de la menace catastrophique que cela représente pour l'économie et pour la vie sociale.

Les pantins du gouvernement qui exécutent les exigences patronales ne le font pas pour donner du travail aux anciens. Ils ne sont même pas capables de donner du travail à de plus jeunes qui sont au chômage. Ils veulent simplement réduire encore les pensions. Ils veulent puiser dans la caisse des retraites pour qu'il y ait plus d'argent à la disposition du grand patronat.

Ils puisent de même dans la caisse de l'assurance-maladie lorsqu'ils réduisent les charges sociales des patrons. En criant au déficit de la Sécurité sociale qu'ils ont eux-mêmes creusé, ils imposent aux salariés des hausses de cotisations et des restrictions de remboursements. Le gouvernement se prépare à imposer trois nouvelles franchises médicales qui diminueront le pouvoir d'achat de tous ceux qui ont besoin de soins, et écarteront des soins ceux qui n'ont pas de quoi payer les franchises.

Et à quoi l'État utilise-t-il l'argent volé aux retraités ou aux assurés sociaux ? À se précipiter au secours des banques, des grandes entreprises, menacées par les contrecoups de la crise financière déclenchée par leurs propres spéculations !

Lorsqu'en 1995 Juppé avait voulu perpétrer la même agression contre les travailleurs, il avait trouvé en face de lui une grève qui l'avait obligé à reculer et qui lui avait même coûté sa place. Il est utile de s'en souvenir !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 10 septembre

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