Le conseil des prud'hommes de Caen a donné en partie raison, mardi 11 septembre, à 597 anciens travailleurs de Moulinex licenciés en 2001 au moment du dépôt de bilan. Ils demandaient que leur licenciement soit reconnu comme abusif et portaient plainte pour le non-respect du plan social qui devait proposer un reclassement au niveau de chaque établissement et tenir compte de la situation familiale des salariés.

Le tribunal des prud'hommes leur a donné raison sur le non-respect du plan social, accordant à chacun d'entre eux entre 1 000 et 57 000 euros pour un total d'environ 10 millions d'euros qui devront être payés par les administrateurs judiciaires ou, en cas d'impossibilité, par un fonds de garantie des salaires financé avec des cotisations patronales, en tout cas, pas par les actionnaires qui pendant des décennies ont été enrichis par le travail des ouvriers. Comme le disait une ancienne déléguée Sud qui a travaillé 36 ans chez Moulinex, c'est " une victoire, ça fait six ans que les gens attendent une condamnation. " Mais le tribunal a considéré que les licenciements avaient été basés " sur une cause réelle et sérieuse " et il valide " d'une manière définitive la régularité des licenciements ".

Ainsi ce jugement n'aura pas été celui de la faillite de Moulinex et de tous ses PDG, dont Pierre Blayau, en poste de 1996 à 2000 et parti avec une indemnité de deux millions d'euros alors que les comptes de Moulinex étaient déjà dans le rouge. De restructurations en plans sociaux, ils ont été responsables de milliers de suppressions d'emplois avant de déposer le bilan en septembre 2001. Des patrons sans gêne puisque le dernier d'entre eux, un dénommé Puy, a eu le toupet de réclamer 176 000 euros de dommages et intérêts pour licenciement abusif, alors qu'il est responsable de la fermeture définitive de Moulinex et du licenciement des 3 700 salariés restants.

En Basse-Normandie la liquidation de Moulinex avait jeté à la rue 2 880 travailleurs sur les 3 240 employés dans les quatre usines du groupe. Aujourd'hui près de 300 d'entre eux n'ont pas retrouvé de travail et une cinquantaine doivent se contenter d'emplois temporaires ou à temps partiel. Par contre près de 160 millions d'euros ont été déboursés en aides pour la " réindustrialisation " ou le reclassement des anciens Moulinex. Mais les chiffres officiels eux-mêmes font état d'au maximum quelques centaines d'emplois créés au lieu des 4 000 prévus. Inutile de dire que bien des patrons locaux ont pu être ainsi largement arrosés par ces subventions qui auraient dû être versées en premier lieu aux licenciés.