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Leur société
Rapport sur l'échec scolaire : Un constat, mais pas de perspective de solution
Selon un rapport émanant du Haut Conseil de l'Éducation, remis au président de la République lundi 27 août, quatre écoliers sur dix, soit environ 300 000 élèves, sortent de l'école primaire avec de graves lacunes. Parmi ces derniers, 100 000 n'auraient pas la maîtrise des bases en lecture, écriture et calcul. Ces problèmes " découverts " par le Haut Conseil de l'Éducation, nombre d'enseignants les connaissent et les dénoncent depuis des années.
" L'école primaire peine à prendre en compte les différents rythmes individuels et les difficultés d'apprentissage ", poursuit le rapport. Et ces difficultés s'aggravent au cours de la scolarité : 20 % des jeunes de 17 ans ne maîtrisent pas la lecture. Le rapport souligne l'importance de l'école maternelle : " Les premiers apprentissages jouent un rôle déterminant " car " la maîtrise de la langue orale en particulier, qui conditionne l'ensemble des apprentissages ultérieurs -on ne peut apprendre à lire qu'une langue qu'on parle déjà- est devenue une des missions principales de l'école maternelle ".
Après un tel état des lieux, on ne peut qu'attendre avec impatience les remèdes préconisés. Mais c'est là que le bât blesse, car si le rapport en conclut que " des ressources humaines sont indispensables ", il ajoute aussitôt que ces " ressources humaines sont disponibles. (...) Depuis trente ans, l'évolution démographique a entraîné une légère baisse de l'effectif moyen par classe et surtout une forte augmentation du nombre des maîtres sans classe ".
À bon entendeur salut ! Il n'est par conséquent pas question de revenir sur les 11 200 suppressions de postes prévues par le ministre Xavier Darcos.
Au vu des 25 000 élèves supplémentaires à la prochaine rentrée et 30 000 supplémentaires en 2008, Xavier Darcos a tout de même dû promettre 700 postes en plus pour l'enseignement primaire. Nombre totalement insuffisant, puisqu'il représente un poste de plus pour 35 élèves, un pour 78 si l'on raisonne sur les deux prochaines années scolaires ! De plus, ces créations se feront aux dépens de l'enseignement secondaire qui perd 8 000 postes.
Ces statistiques sur l'évolution des effectifs de jeunes scolarisés servent depuis vingt ans à justifier toutes les économies budgétaires aux dépens de l'Éducation nationale. Il faudrait, bien au contraire, tenir compte des situations concrètes très diverses, selon les établissements scolaires, les villes, les quartiers, les conditions sociales des parents.
Ainsi, dans les écoles des quartiers et cités populaires, les enfants issus de familles pauvres, de travailleurs immigrés, d'origines comorienne, algérienne, sénégalaise, asiatique, etc., dans lesquelles bien souvent on ne parle pas le français, auraient besoin de l'école très jeunes. Mais ils sont souvent entassés dans des classes bien trop nombreuses, et dans des locaux peu ou pas adaptés. Dans le quartier de la Belle-de-Mai, quartier populaire de Marseille, l'école maternelle Pommier comprenait, en 2006, 14 classes pour le niveau de la maternelle, plus trois classes de Cours préparatoire, dans des locaux prévus pour sept classes, avec des effectifs allant jusqu'à 30 élèves par classe, parlant, dans leurs familles, plusieurs langues différentes...
Le gouvernement sait parfaitement qu'il faudrait créer des postes dans l'Éducation nationale au lieu d'en supprimer. Mais ce qui motive les décisions de tous les gouvernements depuis plus de vingt ans, de droite comme de gauche, c'est la nécessité de faire des économies pour financer les cadeaux aux plus riches.
Alors ce rapport, s'il a une utilité, ce sera peut-être de mettre les enseignants en colère devant tant d'hypocrisie, et ce, dès la rentrée.